Le ministre saoudien de l'Intérieur, le prince Nayef ben Abdel Aziz, a annoncé tard lundi que 991 personnes seraient jugées dans des affaires de terrorisme après l'annonce du début de la procédure judiciaire.

«On a commencé à déférer 991 personnes impliquées dans des affaires devant la justice après que les actes d'accusation ont été dressés», a déclaré le prince Nayef à l'agence officielle Spa.

Ces personnes sont accusées d'actes terroristes en Arabie saoudite depuis le début des attentats, le 12 mai 2003.

«Les dossiers seront examinés par étapes» par la justice, a ajouté le ministre, sans donner de date pour le début des procès, les premiers du genre depuis les attentats qui avaient frappé le royaume notamment en 2003 et 2004 et dont la plupart ont été revendiqués par le réseau terroriste d'Al-Qaïda.

Le prince Nayef a donné un bilan, le plus complet jamais annoncé par les autorités saoudiennes, de ces attaques, en précisant que 74 membres des forces de sécurité ont été tués et 657 autres blessés.

Ces attaques ont fait aussi 90 morts et 439 blessés parmi les civils, saoudiens ou étrangers, a-t-il ajouté.

Les forces de sécurité ont réussi à faire avorter plus de 160 opérations terroristes, a-t-il indiqué, estimant difficile de dresser le bilan matériel des attaques.

Dans leur campagne contre les auteurs des attaques, les forces de sécurité ont saisi, selon lui, trois tonnes d'explosifs et plus de 25 tonnes de produits pouvant entrer dans la fabrication d'explosifs.

Lundi, le porte-parole du ministère saoudien de l'Intérieur a indiqué que les services de ce département avaient transmis le même jour les dossiers d'un nombre indéterminé de personnes accusées d'attaques terroristes au ministère de la Justice en vue de leur jugement.

Le porte-parole n'a pas avancé de date pour l'ouverture des procès, se contentant de dire que l'examen des dossiers par la justice «prendra du temps».

En prévision des procès, l'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW) a indiqué mardi avoir demandé au chef de la diplomatie saoudienne, le prince Saoud al-Fayçal, d'accepter la présence d'observateurs d'HRW.

«Pour que justice soit rendue, elle doit être juste et perçue comme telle», a souligné dans un communiqué Kenneth Roth, directeur exécutif de HRW, ajoutant que des «observateurs neutres doivent suivre des procès d'une telle importance aux niveaux national et international».

«Il y a une association locale de défense des droits de l'Homme qui sera sûrement présente» aux procès «et si des organisations similaires (sont intéressées), je leur propose de contacter l'association saoudienne pour pouvoir y assister», a répondu le prince Saoud.

Il était interrogé sur la demande de HRW, lors d'une conférence de presse tenue mardi à Ryad conjointement avec le diplomate en chef de l'UE Javier Solana, en visite en Arabie saoudite.

HRW s'est inquiétée de l'absence de code pénal écrit en Arabie saoudite, pays qui applique la charia (loi islamique).

L'organisation a rappelé que les autorités avaient détenu jusqu'à 3.000 suspects pendant des années sans accusation formelle ni accès à des avocats.

En novembre 2007, 1.500 détenus avaient été libérés après avoir été rééduqués par des prédicateurs en prison mais les autorités ont ensuite arrêté probablement plus d'un millier d'autres suspects, selon l'organisation.

Le quotidien saoudien Asharq Al-Awsat a fait état mardi de préparatifs, y compris de sévères mesures de sécurité, pour ces procès dans et autour du siège du grand tribunal de Ryad.

Selon le journal, six juges sont déjà à pied d'oeuvre et doivent commencer l'examen des dossiers. Six autres juges doivent être désignés pour ces procès qui pourraient durer plusieurs mois.