Des dizaines de milliers de partisans de l'imam chiite radical Moqtada al-Sadr ont manifesté samedi à Bagdad contre le projet de pacte de sécurité entre l'Irak et les États-Unis.

Cette démonstration de force intervient alors que les responsables irakiens et américains ont jusqu'au 31 décembre pour se mettre d'accord sur un pacte de sécurité qui doit remplacer à son expiration le mandat des Nations unies encadrant la présence des forces étrangères en Irak. Après plusieurs mois d'âpres négociations, le gouvernement de Nouri al-Maliki et l'administration Bush sont parvenus à un projet de texte qui doit encore être ratifié par le Parlement irakien.

Dans un message lu par son conseiller Cheikh Abdul-Hadi al-Mohammadawi devant la foule des manifestants, Moqtada al-Sadr, qui vit en Iran, a appelé le Parlement irakien à rejeter l'accord.

«Le gouvernement irakien a renoncé à son devoir devant Dieu et son peuple et vous a soumis l'accord en sachant que le ratifier stigmatisera l'Irak et son gouvernement pour les années à venir», a-t-il déclaré. «Je suis au côté de chaque sunnite, chiite ou chrétien qui est opposé à l'accord», a-t-il ajouté et «je rejette, condamne et dénonce la présence des forces occupantes».

Moqtada al-Sadr a également mis en doute l'argument du gouvernement irakien selon lequel le pacte de sécurité constitue un pas vers la fin de la présence militaire américaine en Irak. L'accord prévoirait un départ des troupes américaines avant le 31 décembre 2011 à moins que Bagdad ne demande à certains éléments de rester.

«S'ils vous disent que l'accord met fin à la présence de l'occupation, laissez-moi vous dire que l'occupant gardera ses bases. Et quiconque vous dit que cela nous donne la souveraineté est un menteur».

Le ministre irakien des Affaires étrangères Hoshyar Zebari a rétorqué qu'il était temps de prendre une décision. «Je crois que ce sera difficile de rouvrir les négociations», a-t-il expliqué lors d'une conférence de presse avec son homologue du Bahraïn, cheikh Khalid bin Ahmed Al-Khalifa, en visite à Bagdad. Il a assuré que l'accord était «provisoire».

Les fidèles de Moqtada al-Sadr ont défilé samedi du quartier défavorisé chiite de Sadr City jusqu'à la place Mustansiriyah dans l'est de la capitale. La foule était essentiellement composée de jeunes hommes agitant des drapeaux irakiens et chiites et scandant «non, non à l'accord» et «oui à l'Irak».

Les organisateurs avançaient plus d'un million de participants, mais les journalistes de l'Associated Press et photographes sur place estimaient l'affluence à plusieurs dizaines de milliers de personnes. La police ne disposait pas d'estimation propre.

Un important dispositif de sécurité encadrait le défilé, les forces irakiennes ayant établi des barrages de contrôle dans les rues adjacentes, alors que des tireurs embusqués étaient postés sur les toits. Le rassemblement de trois heures s'est achevé sans incident majeur.

Un grand rassemblement avait été programmé pour le 9 avril afin de marquer le cinquième anniversaire de la chute de Bagdad et de l'occupation américaine. Mais Moqtada al-Sadr l'avait reporté, nombre de ses partisans se plaignant de ne pas avoir l'autorisation d'entrer dans la ville.

Par ailleurs, le responsable d'un groupe sunnite allié aux forces américaines contre Al-Qaïda en Irak a été tué par des hommes armés en voiture au sud de Bagdad. Abdul-Hadi al-Janabi était le chef local du groupe des Fils d'Irak.