Le gouvernement irakien a ordonné dimanche à la police de sécuriser les quartiers chrétiens de Mossoul, où se sont déployés des centaines de policiers, pour aider au retour des milliers de chrétiens qui ont fui les violences contre leur communauté.

Ces violences ont été condamnées par le pape Benoît XVI. «Le premier ministre Nouri al-Maliki a souligné que les forces de sécurité dans la province de Ninive (dont Mossoul est la capitale, ndlr) prendraient les mesures nécessaires pour le retour dans leurs maisons des personnes déplacées», selon un communiqué du gouvernement irakien.

«Les chrétiens ont le droit de vivre en sécurité et dans la dignité, ils sont une composante du peuple irakien.»

M. Maliki a demandé une enquête d'urgence pour établir les responsabilités dans les violences qui ont poussé près d'un millier de familles chrétiennes à fuir ces derniers jours leurs maisons.

Par ailleurs, 900 policiers ont été déployés à Mossoul.

«Deux brigades ont été envoyées dans les quartiers chrétiens de Mossoul et les églises sont sous haute surveillance», a déclaré à l'AFP Abdel-Karim Khalaf, le porte-parole du ministère irakien de l'Intérieur. Chaque brigade compte 440 policiers.

Dans quatre quartiers majoritairement chrétiens de Mossoul, des barrages ont été érigés et les policiers fouillaient les voitures, selon un correspondant de l'AFP.

«Les chrétiens ont commencé à quitter leurs maisons sans menace directe des groupes d'insurgés. Ils sont partis à cause des assassinats ciblés» de ces dernières semaines, a affirmé Khalid Abdel-Satar, le porte-parole du commandement militaire à Mossoul.

Au total, 936 familles sont parties vendredi et samedi pour fuir les pires violences antichrétiennes en cinq ans provoquées par une campagne de propagande, selon le gouverneur de la province, Duraïd Kachmoula.

Mossoul, à 370 km au nord de Bagdad, est un bastion d'Al-Qaeda et l'une des villes les plus dangereuses d'Irak.

Depuis le 28 septembre, au moins 12 chrétiens y ont été assassinés, selon les autorités. L'un d'eux a été tué dimanche soir par des inconnus armés dans l'est de la ville, selon la police.

«Nous avons quitté notre quartier de Zouhour après la mort la semaine dernière de mon cousin dans son magasin. Je suis parti avec mon frère et mon cousin», a déclaré à l'AFP Samer Georgis, un professeur de 45 ans, réfugié à al-Qoush, à une vingtaine de km au nord de Mossoul.

Abou Zeïd, un autre chrétien, a également abandonné sa maison. «On est parti pour toujours de Mossoul. Non seulement on a quitté Mossoul, mais on va quitter l'Irak», a-t-il lancé.

Le millier de familles déplacées --soit environ 5 000 personnes-- se sont réfugiées dans des villages chrétiens en périphérie nord et est de Mossoul.

Dès août, les accès à quelques-uns de ces villages, comme Tel Askouf, étaient défendus par des habitants armés, avait constaté un journaliste de l'AFP.

Vendredi, l'un des dirigeants de l'Eglise chaldéenne en Irak, l'évêque de Kirkouk (nord), Monseigneur Louis Sako, avait dénoncé une «campagne de liquidations aux objectifs politiques» orchestrée contre les chrétiens dans le pays, en particulier à Mossoul.

En février 2008, l'archevêque chaldéen de Mossoul, Mgr Faraj Rahou, y avait été kidnappé et retrouvé mort quelques semaines plus tard.

800 000 chrétiens vivaient en Irak avant l'invasion américaine de mars 2003. Depuis, presque 250 000 ont quitté le pays.

Outre la victime chrétienne, sept personnes ont été tuées dimanche et des dizaines de blessés dans trois attentats suicides visant les soldats américains et la police irakienne.

Dans tout le pays, au moins 21 Irakiens ont été tués et plus de 60 blessés dans les violences, dont un attentat à la voiture piégée sur un marché de Bagdad qui a fait neuf morts.