Le religieux réformateur Mehdi Karoubi a été le premier politicien dimanche a annoncé sa candidature à l'élection présidentielle de juin 2009 en Iran, dans l'espoir de ravir la place occupée par l'ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad.

«Après de nombreuses consultations que j'ai menées, et en connaissant les difficultés qui se dressent sur ma route, j'annonce ma disponibilité pour être candidat», a dit M. Karoubi, 71 ans, avant de déclarer «entrer dans la course». Ex-président du Parlement et candidat malheureux à la présidentielle de 2005, le religieux n'a pas exclu de se désister ultérieurement si un autre candidat réformateur se révélait mieux placé pour l'emporter.

La candidature de M. Karoubi devrait logiquement être approuvée par le congrès du Parti de la confiance nationale (Etemad Melli), qu'il a fondé, jeudi.

Mahmoud Ahmadinejad s'est refusé jusqu'ici à annoncer s'il briguerait un deuxième mandat, et l'autre grande figure du camp réformateur, l'ex-président (1997-2005) Mohammad Khatami, entretient encore le suspense sur ses intentions.

Si «j'entre dans la course, c'est après une décision sérieuse de mener campagne et d'être présent jusqu'au bout», a dit Mehdi Karoubi.

Mais il a dans le même temps rappelé avoir «fait une proposition pour que les différents candidats se déclarent, mènent leurs campagnes, et qu'au bout d'un moment (ils) s'assoient pour examiner la situation et pour déterminer qui a le plus de chances».

Évoquant une possible candidature de M. Khatami, il a expliqué que ce dernier devait «prendre sa décision lui-même». «Et lorsqu'il sera entré dans la course et aura commencé ses activités (de campagne), on verra la situation».

Président du Parlement de 1990 à 92 puis de 2000 à 2004, quand celui-ci était dominé par les réformateurs, Mehdi Karoubi avait échoué au premier tour de la présidentielle de 2005.

Arrivé troisième, il avait dénoncé une fraude organisée et une élection «truquée» pour l'empêcher d'accéder au deuxième tour.

Il avait alors appelé à soutenir la candidature du conservateur modéré Akbar Hachémi Rafsandjani, sans succès.

M. Karoubi a mis a profit sa conférence de presse de dimanche pour adresser quelques piques à l'actuel président.

«Je considère qu'Ahmadinejad a échoué en politique étrangère et sur les questions économiques, a-t-il jugé. La banque centrale elle-même dit que l'inflation dépasse les 23% et que ça va augmenter encore.»

L'Iran souffre d'un relatif isolement diplomatique du fait notamment de son refus de suspendre son programme nucléaire controversé.

Le pays est aussi affligé par l'accélération de la hausse des prix, qui était de plus de 29% à la fin septembre.

M. Karoubi s'en est pris aussi aux déclarations de M. Ahmadinejad sur l'Holocauste, qu'il avait notamment qualifié de «mythe».

«Le président a parlé de cette histoire, cela a eu un coût énorme pour le pays et je ne comprends pas ce que cela nous a apporté», a-t-il dit.

Son parti avait enregistré une défaite aux législatives du printemps dernier. Il avait refusé l'union avec le Front de la participation, la grande formation réformatrice soutenant M. Khatami.

Il avait au préalable été relativement épargné par le filtrage des candidatures aux élections infligé par le Conseil des gardiens, un organe dominé par les conservateurs. Cette mansuétude lui avait, semble-t-il, coûté des voix dans l'électorat réformateur.

M. Karoubi a été un proche du fondateur de la République islamique, l'ayatollah Rouhollah Khomeiny.

Dans les années 80, il a fait partie d'un groupe de «radicaux» prônant un plus grand contrôle de l'économie par l'État mais aussi une plus grande liberté d'expression.