Des milliers de partisans du leader chiite Moqtada Sadr ont rendu hommage vendredi à Bagdad à un député de leur mouvement tué la veille dans un attentat, perpétré selon eux par «l'occupant» américain, dans le quartier de Sadr City.

 

Le corps de Saleh Al-Ogaïli, un député du mouvement Sadr décédé la veille des suites de ses blessures, a quitté vendredi matin l'immense faubourg populaire de Sadr City, dans le nord-est de Bagdad, pour la ville sainte de Najaf (160 km au sud de la capitale).

Comme le veut la tradition chiite, il devait être enterré le jour-même dans l'immense cimetière de la vallée al-Salam où reposent la majorité des chiites irakiens.

Figure des sadristes, M. Ogaïli, un professeur d'université âgé de 41 ans, avait été grièvement blessé par l'explosion d'une bombe au passage de sa voiture alors qu'il venait de quitter son domicile de Sadr City, dont il était l'élu.

Scandant des slogans hostiles à «l'occupant américain», les partisans de Moqtada Sadr se sont regroupés à l'aube devant le domicile du député avant d'emporter sa dépouille jusqu'au quartier général du mouvement.

Vers midi, la prière du vendredi a été largement consacrée à l'assassinat du parlementaire, un «fidèle de Sadr visé par les mains obscures des Américains».

Des milliers de Sadristes ont repris en coeur les slogans anti-américains, avant de brûler deux drapeaux à la bannière étoilée et un drapeau israélien, sous l'oeil impassible des soldats irakiens postés sur les toits des maisons alentour.

«Il s'agit d'un complot bien préparé et bien organisé par les Américains contre notre mouvement, contre Moqtada Sadr», a estimé Abou Mohammed, un Irakien de 62 ans venu pour la prière.

Quelques heures auparavant, des combats à l'arme légère avaient éclaté jeudi vers 23H00 dans Sadr City, opposant soldats irakiens et américains à des inconnus armés, selon des témoins.

Les affrontements étaient localisés autour du «carrefour 55», près de l'une des principales entrées au sud-ouest de Sadr City, à proximité de la haute muraille de béton qui entoure le quartier.

Une explosion d'origine indéterminée avait provoqué l'arrivée des troupes irakiennes et américaines. Les combats ont commencé immédiatement après et ont duré de façon soutenue jusqu'à environ 02H00, toujours selon des habitants, dont certains ont fait état de l'implication de miliciens de l'Armée du Mahdi, la puissante milice du mouvement de Sadr.

Interrogée par l'AFP, l'armée américaine a confirmé les faits et indiqué qu'un soldat américain avait été blessé dans les échanges de tirs.

Le commandement américain a parlé d'attaques perpétrées «par des forces ennemies non identifiées», tout en assurant qu'il s'agit «sûrement de criminels des groupes spéciaux», terme qui désigne les miliciens extrémistes chiites entraînés et armés par les services iraniens, selon la coalition.

La situation est revenue à la normale vendredi matin au «carrefour 55», où les commerces ont rouvert leurs portes et de nombreux badauds faisaient leurs courses.

À Najaf, le porte-parole du mouvement Sadr a accusé «l'occupant» américain d'avoir commandité l'assassinat d'Ogaïli, suscitant un démenti de l'armée américaine.

«Les Américains se sont débarrassés du député pour permettre la conclusion de l'accord» sur le statut de la présence américaine en Irak après 2008, actuellement en négociation entre Bagdad et Washington, a affirmé le porte-parole.

Le mouvement sadriste a par ailleurs appelé à une grande manifestation le 18 octobre dans toutes les villes d'Irak, pour dénoncer une nouvelle fois «l'occupation américaine».

Parallèlement, au moins quinze personnes ont été tuées et des dizaines ont été blessées dans une série d'attentats, dont un particulièrement meurtrier sur un marché de Dora, un quartier de Bagdad réputé pour la violence des attentats et des combats jusqu'à fin 2007.