Les soldats polonais déployés en Irak vont bientôt rentrer à la maison. Une cérémonie a été organisée samedi sur leur principale base au sud de Bagdad, afin de marquer la fin de leur mission dans le pays. Le contingent sera ainsi le dernier à quitter les rangs de la coalition emmenée par les États-Unis, après la Géorgie qui avait rappelé ses hommes en août en raison du conflit l'opposant à la Russie.

Cette cérémonie sonnant le départ prochain de la Pologne a coïncidé avec la visite du No2 de la diplomatie américaine dans le nord de l'Irak et l'annonce de la mort d'un dirigeant d'Al-Qaeda en Irak soupçonné d'être le cerveau de nombreux attentats meurtriers dans la capitale irakienne. L'homme, qui s'appelait Mahir Ahmad Mahmoud al-Zoubaïdi, était également connu sous le nom d'Abou Assad ou Abou Rami. Ancien membre du groupe sunnite Ansar al-Islam, il avait rejoint Al-Qaeda en Irak en 2004, selon l'armée américaine. Des soldats américains, qui tentaient de le capturer, l'ont tué lors d'une fusillade qui a également coûté la vie à son épouse vendredi à Azamiyah, quartier septentrional de Bagdad. L'armée pense qu'il dirigeait la cellule qui a notamment perpétré des attentats quasi-simultanés jeudi à Bagdad. D'après la police irakienne, une vingtaine de fidèles qui assistaient aux prières marquant l'Aïd el-Fitr ont été tuées dans ces attaques visant deux mosquées chiites.

Al-Zoubaïdi est aussi soupçonné d'avoir organisé plusieurs attentats à la voiture piégée et des attaques au mortier à Sadr City, principal quartier chiite de la capitale, en 2006 et 2007, dont une série d'explosions qui a fait plus de 200 morts le 23 novembre 2006. Selon l'armée, l'homme aurait également participé à des enlèvements et des exécutions enregistrées sur vidéo, dont une le montrant en train de tirer sur un ressortissant russe, pris en otage avec trois autres membres de l'ambassade de Russie en juin 2006 à Bagdad. Al-Zoubaïdi serait en outre derrière un attentat qui a tué le 1er mai un soldat américain à Bagdad, ainsi que derrière des attentats dans les provinces de Salahuddine et de Diyala au nord de la capitale, a-t-on appris de même source.

Le général Ray Odierno, commandant des forces américaines en Irak, a observé que les chiites montraient «beaucoup de retenue» suite aux attentats de jeudi. Les autorités «n'ont vu aucun signe» d'un quelconque projet de représailles, a-t-il déclaré près de Diwaniyah, à l'issue d'une cérémonie marquant le départ des forces polonaises d'Irak. «Je suis sûr que nous continuerons» à leur rendre la tâche «très difficile», a-t-il ajouté en allusion aux insurgés.

La Pologne a envoyé des troupes de combat en Irak, comptant à un moment donné 2.500 soldats sur le terrain, soit le troisième contingent après les États-Unis et la Grande-Bretagne. Varsovie a réduit ses forces à quelque 900 hommes qui doivent regagner la Pologne d'ici la fin du mois. Le ministre polonais de la Défense Bogdan Klich s'est déclaré «personnellement satisfait et fier» de la mission accomplie et a exprimé l'espoir que Varsovie puisse nouer des relations économiques avec les Irakiens.

Parallèlement à cette cérémonie, le secrétaire d'État adjoint américain John Negroponte et l'ambassadeur des États-Unis en Irak Ryan Crocker ont rencontré samedi des responsables irakiens dans le nord du pays, où un conflit entre communautés kurde et arabe concernant la ville de Kirkouk accentue les tensions.

Les diplomates se sont entretenus avec des représentants de groupes ethniques et religieux à Kirkouk, localité que les Kurdes cherchent à intégrer dans leur région semi-autonome, selon Hassan Tourhan, un Turkmène membre du conseil provincial présent aux discussions. La délégation s'est ensuite rendue à Souleimanieh pour des entretiens avec le président Jalal Talabani, un Kurde, et ses adjoints sunnites et chiites, d'après le bureau de M. Talabani. L'ambassade des États-Unis a confirmé cette rencontre sans fournir plus de détails