Le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner a proposé samedi que l'Union Européenne joue un rôle politique plus important dans le processus de paix israélo-palestinien tout en estimant peu probable un accord d'ici à la fin de l'année.

«Si les protagonistes israéliens, palestiniens ainsi que les Américains qui sont à l'origine du processus lancé à la conférence d'Annapolis (fin 2007) nous le demandaient, nous répondrions positivement afin que l'Union Européenne joue un rôle plus grand dans la région», a dit Bernard Kouchner à l'issue d'une rencontre avec le président palestinien Mahmoud Abbas à Ramallah (Cisjordanie). «Le rôle des Américains sera moins évident dans les mois qui viennent», a ajouté M. Kouchner, en faisant allusion à la présidentielle américaine du 4 novembre.

Le ministre, dont le pays assure la président tournante de l'UE, a également souligné qu'il ne s'agissait «pas d'être contre les Américains mais d'être avec eux et de proposer».

Le président Abbas a pour sa part affirmé que les Palestiniens demandaient «un rôle politique plus important pour l'Europe car elle peut jouer un rôle dans ce processus, non pas en tant qu'alternative aux États-Unis mais comme un complément».

Le ministre français a par ailleurs souligné qu'Israël allait connaître une «période difficile jusqu'à ce que la situation politique se stabilise», tout en rendant hommage à son homologue israélienne Tzipi Livni, chargée de former un nouveau gouvernement pour succéder au premier ministre Ehud Olmert.

«Je la connais bien. Je suis heureux qu'elle ait été choisie par le parti Kadima (...), je n'ai pas peur qu'elle abandonne le processus de paix», a affirmé M. Kouchner.

Impliqué dans des scandales de corruption, Ehud Olmert est démissionnaire et Mme Livni lui a succédé à la tête du parti centriste au pouvoir.

À propos d'un éventuel accord israélo-palestinien d'ici à la fin de l'année, le ministre français s'est montré sceptique.

«Nous étions supposés disposer d'un document, pas d'un résultat définitif mais de quelque chose, avant la fin de l'année, et nous savons tous à présent que cela prendra un peu plus de temps», avait auparavant affirmé M. Kouchner à l'issue d'un entretien avec le premier ministre palestinien Salam Fayyad.

«Il est important d'aller de l'avant sur la même voie. Je ne sais pas si nous verrons un État palestinien avant la fin de l'année, mais je sais que cet État est absolument nécessaire, c'est une clef indispensable. Nous avons besoin d'un tel État», a-t-il affirmé.

Selon lui, «un État palestinien indépendant et démocratique sera le garant de la sécurité d'Israël».

Interrogé sur une force européenne qui serait déployée dans les territoires palestiniens en vue de faciliter la mise en oeuvre d'un éventuel accord, le ministre a affirmé: «c'est une bonne idée qui a déjà été présentée, elle n'est pas nouvelle, qu'il s'agisse d'observateurs ou d'une force européenne. On y a déjà réfléchi».

Qualifiant M. Kouchner d'«ami du peuple palestinien», M. Fayyad a salué «la position très en pointe de la France au sein de l'Union européenne».

Bernard Kouchner a entamé samedi une visite en Cisjordanie et en Israël destinée à plaider pour le maintien des efforts de paix, dans un contexte d'incertitudes politiques en Israël et aux États-Unis.

Selon son programme, M. Kouchner doit s'entretenir dimanche avec les principaux dirigeants israéliens, notamment M. Olmert et Mme Livni.

Sa visite s'inscrit dans la foulée de la réunion du Quartette (États-Unis, Russie, ONU, UE) la semaine dernière à New York, qui a appelé les deux camps à «déployer tous les efforts nécessaires» pour conclure un accord de paix avant la fin de l'année.