Cinq soldats libanais ont été tués lundi dans un attentat à la voiture piégée contre leur bus aux abords de Tripoli, la grande ville du nord, une attaque qui risque de nuire à la stabilité du Liban et aux efforts de réconciliation en cours.

 

Cinq soldats sont morts et au moins 24 personnes, dont 18 soldats, ont été blessées dans l'attentat survenu tôt dans la matinée, a déclaré à l'AFP un responsable de l'armée.

«Une fois de plus, une main perfide a surgi pour frapper l'institution militaire dans une attaque terroriste dont le but est clairement de nuire aux efforts pour la paix et la stabilité», a réagi le commandement militaire.

D'après un porte-parole de l'armée, la bombe, placée sous un véhicule garé sur le bas-côté de la route, a explosé au passage du bus de l'armée à l'entrée sud de Tripoli, à une heure de forte circulation. Le bus, qui se rendait à Beyrouth, à 80 kilomètres plus au sud, transportait 24 passagers.

La police et l'armée ont immédiatement déployé un cordon de sécurité autour du site, où les experts ont commencé la collecte d'indices.

Le propriétaire du véhicule piégé a été interpellé afin d'être interrogé, a indiqué un responsable de la sécurité.

Les habitants du quartier se sont précipités sur les lieux en quête de nouvelles rassurantes de leurs proches, d'autres se sont rués dans les hôpitaux.

Anouar Jassim, un soldat de 37 ans père de deux enfants, se trouvait parmi les tués.

«Il a passé le week-end avec sa femme et ses enfants à acheter des habits pour fêter la fin du ramadan et était censé revenir ce soir», a déclaré son cousin Ali Al-Khatib.

Sous l'effet du souffle, des fenêtres ont été brisées et des voitures endommagées. Le véhicule sous lequel était placé la bombe n'était plus qu'un amas de tôle.

La police soupçonne que l'engin, bourré de vis et de boulons, a été déclenché à distance par télécommande.

Le ministre de l'Intérieur Ziad Baroud a appelé à une réunion d'urgence des services de sécurité pour évoquer la situation.

L'attentat, qui n'a pas été revendiqué à ce stade, intervient alors que les différentes factions politiques rivales ont entamé le 16 septembre un dialogue national visant à mettre fin aux violences et à l'instabilité, qui, en mai, avaient fait 65 morts et failli déboucher sur une guerre civile.

Le président du Parlement, Nabih Berri, un pilier de la minorité parlementaire, a lui aussi dénoncé une tentative visant à nuire aux efforts de réconciliation.

D'autres responsables estimaient que l'attaque pouvait avoir pour but de saper les efforts de l'armée pour contrôler Tripoli, théâtre de mai à juillet de violences confessionnelles intermittentes ayant fait plus de 20 morts.

Ces combats avaient opposé des sunnites à des habitants appartenant à la communauté alaouite, une branche du chiisme, dans plusieurs quartiers de la ville, avant que l'armée ne dépêche des renforts.

«Cette attaque vise le moral de l'armée et cherche à nuire aux relations entre les militaires et les habitants de Tripoli, à la suite du déploiement de troupes», a estimé le député Moustapha Allouche.

Mi-août, 14 personnes, dont neuf soldats et un enfant, avaient été tués dans une attaque comparable à Tripoli, le bilan le plus lourd pour un attentat en trois ans.

Il s'agissait de la pire attaque contre l'armée depuis les violents affrontements en 2007 entre les militaires et le groupuscule islamiste Fatah al-Islam, dans le camp de réfugiés palestiniens de Nahr al-Bared (nord), qui ont fait plus de 400 morts dont 168 soldats.

La région est également la proie d'un regain de tensions après l'attentat à la voiture piégée qui a fait 17 morts samedi à Damas, la capitale de l'ancienne puissance de tutelle du Liban. Selon l'agence officielle syrienne Sana, il s'agissait d'une attaque suicide perpétrée par un extrémiste islamiste «venu d'un pays voisin».