Les «Six» grandes puissances se sont efforcées vendredi à New York d'afficher leur unité face à l'Iran, en proposant au Conseil de sécurité un projet de résolution commun qui ne prévoit pas de nouvelles sanctions à l'encontre de Téhéran.

Lors de consultations au Conseil sur le dossier nucléaire iranien, les «Six» ont fait circuler ce projet et ont exprimé l'espoir d'une prompte adoption, peut-être en début de semaine prochaine.

Il s'agit d'un texte de trois paragraphes, qui se contente de rappeler la validité des précédentes résolutions du Conseil et demande de nouveau à l'Iran de «remplir pleinement et sans retard les obligations» qui en découlent.

Le Conseil a déjà adopté quatre résolutions, dont trois assorties de sanctions, exigeant de l'Iran qu'il suspende son programme d'enrichissement d'uranium que les Occidentaux soupçonnent d'être destiné à produire la bombe atomique.

A l'issue de la réunion, l'ambassadeur de Russie Vitaly Tchourkine a réitéré la position de Moscou contre l'adoption de nouvelles sanctions contre Téhéran.

«Nous estimons que ce n'est pas le moment, que davantage de discussions sont nécessaires avec les Iraniens, qu'il y a encore de la place pour la diplomatie», a-t-il dit à la presse.

Son collègue français, Jean-Maurice Ripert, a tenu à souligner l'importance de l'unité des «Six». «Il y a un texte, il démontre qu'il y a unanimité au sein des «Six», a-t-il dit.

Le projet est le fruit d'une réunion surprise vendredi matin des ministres des Affaires étrangères des «Six» -Allemagne, Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne et Russie - qui entendaient rassurer le reste du monde sur la poursuite de l'option diplomatique, et non militaire, face à l'Iran, après l'annulation, à la demande de Moscou, d'une réunion similaire prévue jeudi.

Les ministres devaient alors, selon Washington, «explorer» de nouvelles sanctions contre Téhéran qui refuse de suspendre son programme nucléaire, mais la Russie, montrée du doigt par les Occidentaux sur la Géorgie, avait refusé d'y participer.

Des diplomates européens s'étaient aussitôt inquiétés du risque qu'un blocage des négociations jusqu'à la fin du mandat du président américain George W. Bush fin janvier, n'incite Israël à intervenir militairement en Iran.

Vendredi, le chef de la diplomatie britannique David Miliband a expliqué la démarche des «Six» comme visant à montrer leur unité et leur détermination à poursuivre leur «double stratégie» (sanctions et mesures incitatives).

Son homologue russe, Sergueï Lavrov, a souligné avoir participé à cette rencontre pour montrer «l'unité des Six sur l'objectif premier qui nous réunit: aider l'AIEA à s'assurer que le programme nucléaire iranien n'a aucun caractère militaire».

«La Russie soutient les précédents appels à l'Iran, nous considérons que la non-prolifération est une question de première importance et nous confirmons toutes les précédentes décisions», a dit M. Lavrov à la presse.

Dans un nouveau rapport publié la semaine dernière, l'Agence Internationale de l'Energie Atomique (AIEA) a dénoncé le refus de Téhéran de cesser ses activités d'enrichissement de l'uranium et l'absence de progrès dans les discussions avec Téhéran sur la véritable nature du programme nucléaire iranien.

La précédente résolution de l'ONU, adoptée en mars, donnait 60 jours à l'Iran pour se plier aux injonctions de l'ONU, ce que Téhéran n'a pas fait.