Au moins 60 personnes ont été tuées samedi dans un attentat dévastateur à la voiture piégée contre l'un des plus grand hôtel de la capitale du Pakistan Islamabad, l'une des pires attaques perpétrées par les islamistes proches d'Al-Qaeda, qui ont déjà fait plus de 1200 morts en plus d'un an.

Peu après 20h00, une voiture piégée a explosé devant les barrières de sécurité du Marriott, l'un des deux hôtels les plus luxueux de la ville, appartenant à une chaîne américaine et qui accueille de nombreux étrangers, selon la police, qui ne pouvait encore préciser s'il s'agissait d'un attentat suicide.

Le bilan d'au moins 60 morts en fin de soirée était très provisoire puisque «de nombreuses personnes sont prises au piège dans l'hôtel», a expliqué à l'AFP un officier de la police sur place. L'établissement, dont une grande partie était en flammes, pourrait s'effondrer, ont assuré des officiers de police qui tentaient d'en éloigner la foule.

Un photographe de l'AFP a pu voir les corps mutilés d'au moins vingt personnes tuées devant l'entrée de l'établissement, en plein centre-ville.

Les télévisions montraient des blessés ensanglantés au milieu d'une noria de voitures de police et d'ambulances. D'autres avaient l'air affolé devant le bâtiment.

La bombe a été si puissante qu'elle a soufflé les vitres de bâtiments à plus d'un kilomètre à la ronde.

Le Marriott, l'un des deux hôtels les plus fréquentés par la communauté internationale à Islamabad, était pourtant placé sous très haute sécurité, les voitures étant consciencieusement fouillées devant d'imposantes barrières métalliques avant de pouvoir y pénétrer.

Cette attaque intervient au moment où les Etats-Unis, convaincus que les talibans et Al-Qaeda ont reconstitué leurs forces dans les zones tribales du nord-ouest du pakistan, y effectuent de plus en plus de tirs de missiles ciblant les combattants islamistes, au grand dam d'Islamabad qui proteste pour l'instant en vain.

Washington est convaincu qu'Al-Qaeda et les talibans afghans ont reconstitué leurs forces dans ces zones frontalières avec l'Afghanistan, où ses troupes combattent les talibans.

Les spécialistes d'Al-Qaeda reconnaissent unanimement que le nord-ouest du Pakistan est devenu «le nouveau front de la guerre contre le terrorisme».

Le New York Times assurait d'ailleurs jeudi que le président George W. Bush avait autorisé secrètement en juillet les forces spéciales américaines à mener des raids terrestres dans le nord-ouest du Pakistan, sans l'approbation préalable d'Islamabad.

C'est d'ailleurs ce qui s'est passé à l'aube du 3 septembre, quand des hélicoptères de combat américains et, probablement des soldats au sol, ont attaqué un village pakistanais, tuant, selon Islamabad, 15 civils, dont des femmes et des enfants.

Les plus hautes autorités pakistanaises avaient fermement protesté contre cette première opération militaire américaine au sol, connue du moins, puisque de hauts responsables pakistanais reconnaissent qu'il y a eu des précédents depuis 2002, sans qu'Islamabad n'en dise un mot.

Pire, ces dernières semaines, les tirs de missiles par des drones américains s'abattent quasi-quotidiennement sur des maisons dans les zones tribales pakistanaises, tuant des combattants d'Al-Qaeda ou des talibans, mais aussi des civils.

Washington estime qu'Islamabad ne fournit pas assez d'efforts dans le cadre de sa «guerre contre le terrorisme».

Mais la République Islamique du Pakistan, seule puissance nucléaire militaire du monde musulman, a déjà payé un très lourd tribut à cette lutte, avec plus d'un millier de soldats tués dans les zones tribales depuis 2002 et, surtout, plus de 1200 morts dans une campagne sans précédent d'attentats suicide depuis plus d'un an.

Oussama Ben Laden en personne -dont Washington pense qu'il se terre dans les zones montagneuses du nord-ouest- avait décrété il y a un an le jihad à Islamabad, le «chien de Bush» selon lui.