Le groupe qui a revendiqué l'attentat meurtrier contre l'ambassade américaine à Sanaa a dit jeudi appartenir au réseau Al-Qaïda et lancé de nouvelles menaces, tandis que les autorités yéménites arrêtaient 25 suspects.

Selon le ministère de l'Intérieur, six soldats et quatre civils sont morts en plus de six assaillants dans une des plus sanglantes attaques, mercredi, de l'histoire du Yémen.

Dans un communiqué reçu par l'AFP, le groupe s'est félicité du «martyr des frères qui sont tombés dans la plus grosse attaque contre l'ambassade américaine mercredi matin».

«Nous, Organisation du Jihad islamique relevant du réseau d'Al-Qaïda, réitérons notre demande au (président yéménite) Ali Abdallah Saleh de libérer sous 48 heures nos frères détenus», indique le communiqué signé par «Abou Ghaïth Al-Yamani», qui se présente comme le chef du groupe.

Le groupe, dont le lien avec Al-Qïda n'était pas bien établi jusqu'ici, a averti que les autorités yéménites s'exposeraient, si elles ne libèraient pas ces détenus, à de graves conséquences.

Le jihad islamique s'était manifesté une première fois pour revendiquer un attentat suicide à la voiture piégée perpétré le 25 juillet dans le Hadramout (est) et qui avait ensuite été revendiqué par la branche locale d'Al-Qaïda, qui porte le nom de Jond al-Yaman (les soldats du Yémen).

L'attaque, qui visait le QG de la police de la ville de Sayoun, avait fait un mort, un policier, et 17 blessés et avait été suivie par l'arrestation d'un nombre indéterminé de suspects lors de plusieurs opérations policières.

Du côté des autorités, une source au sein des services de sécurité a annoncé l'arrestation de vingt cinq suspects à Sanaa.

«Les services de sécurité ont pourchassé tous les suspects» lors d'opérations déclenchées après l'attentat de la matinée, a déclaré la source.

Le communiqué reçu jeudi, dont l'authenticité ne peut être vérifiée, assure par ailleurs que le groupe continuera ses attaques «contre les intérêts occidentaux» et des personnalités publiques yéménites et menace de s'en prendre à l'ambassade saoudienne à Sanaa.

Il cite en particulier un aide du président Saleh, Issam Douid.

L'ambassade des Etats-Unis à Sanaa, qui avait déjà échappé cette année à une attaque de la branche locale d'Al-Qaïda, a été la cible mercredi d'un attentat suicide à la voiture piégée et de tirs.

«Cet attentat porte toutes les marques d'un attentat d'Al-Qaïda», avait déclaré mercredi devant la presse le porte-parole du département d'Etat américain, Sean McCormack.

M. McCormack n'est pas allé jusqu'à accuser formellement la nébuleuse terroriste dirigé par Oussama ben Laden mais il a souligné que l'opération, qu'il a qualifiée de «sophistiquée», impliquait plusieurs voitures piégées et des attaquants à pied.

«Cet attentat nous rappelle que nous sommes en guerre contre des extrémistes prêts à tuer des innocents pour atteindre leurs objectifs idéologiques», avait dit pour sa part le président américain George W. Bush.

Le groupe qui a revendiqué l'attentat a demandé par ailleurs la fermeture des ambassades de Grande-Bretagne et des Etats-Unis et menacé de s'en prendre, comme il l'a déjà fait mercredi, à la chancellerie saoudienne.

«Nous demandons le départ immédiat des ambassades américaine et britannique du Yémen», a souligné le Jihad islamique.

Le vice-Premier ministre chargé des Affaires de défense et de sécurité, Rachad Mohammad al-Alimi, a réaffirmé dans une déclaration publiée par l'hebdomadaire 26 septembre du ministère de la Défense que le Yémen «demeurera un partenaire de la communauté internationale dans la lutte contre le terrorisme».