(Vilnius) La détention extra-judiciaire des demandeurs d’asile en Lituanie est contraire à la loi fondamentale, a jugé mercredi la Cour constitutionnelle.

Votée par le parlement lituanien, la loi qui rend possibles ces détentions est inconstitutionnelle, car elle « ne permet pas d’étudier la situation personnelle de chaque individu », selon l’arrêt de la cour.

« Nous n’avions pas d’autres moyens de nous protéger », a réagi la ministre de l’Intérieur Agne Bilotaite, jugeant la nouvelle loi « nécessaire » à la sécurité nationale. « Si je devais prendre à nouveau ce genre de mesures, je le ferais », a-t-elle ajouté.

Les organisations de défense des droits humains ont, en revanche, salué la décision.

« C’est un clair avertissement aux responsables politiques lituaniens : la Lituanie est un État de droit », a déclaré à l’AFP Jurate Juskaite, qui dirige le Centre lituanien pour les droits humains.

« Ce genre de lois, qui permettent que des personnes soient détenues sans décision de justice, sont acceptables dans le régime [du président biélorusse Alexandre] Loukachenko, mais pas dans un État démocratique de l’Union européenne », a-t-elle ajouté.

L’arrêt de la Cour constitutionnelle fait suite à une plainte déposée par un Irakien maintenu en détention pendant six mois en 2021.

La Lituanie, un pays balte membre de l’Union européenne, avait fait face en 2021 à l’arrivée de milliers de migrants et de réfugiés – principalement du Moyen-Orient et d’Afrique – tentant d’entrer dans l’UE via son territoire ainsi que ceux de la Lettonie et de la Pologne.  

La Lituanie a fait valoir que cet afflux était une « attaque hybride » orchestrée par le régime biélorusse en représailles aux sanctions internationales prises contre Minsk.  

Le nombre des tentatives de passage a diminué depuis, mais les gardes-frontières lituaniens continuent à refuser l’entrée à plusieurs dizaines de migrants par jour.  

L’année dernière, la Lituanie a achevé la mise en place d’une clôture en fils barbelés haute de quatre mètres le long de la frontière avec la Biélorussie.  

Elle s’étend sur environ 550 des 700 kilomètres de cette frontière.