(Bobigny) « Des justiciers » qui voulaient « nettoyer les cités » par la force : en France, le parquet a requis vendredi jusqu’à six mois de prison ferme contre quatre policiers de région parisienne jugés pour des violences commises sur des jeunes de quartiers sensibles.

Âgés de 30 à 48 ans, six policiers comparaissent depuis mercredi au tribunal de Bobigny pour des faits de violences et faux procès-verbaux en 2019-2020, au préjudice d’habitants de cités connues pour héberger du trafic de drogues.

« Nettoyer les cités où il y a du trafic de stupéfiants, c’est effectivement une tâche honorable, mais uniquement dans le respect de la loi », a rappelé le procureur Loïc Pageot en préambule de son réquisitoire.

Avec sa politique d’arrestations fondée sur « l’intimidation », « la violence gratuite » et « le harcèlement » au contrôle d’identité, cette brigade donne « l’impression d’une équipe qui se sent pousser des ailes, se voit une vocation de justiciers », a pourfendu le représentant de l’accusation.

À l’encontre du gardien de la paix Raphaël I., accusé de nombreux faits de violences d’« une extrême gravité », le parquet a demandé 18 mois de prison dont 12 avec sursis, ainsi que cinq ans d’interdiction professionnelle. Le prévenu de 31 ans, reconverti dans l’informatique, est notamment soupçonné d’avoir frappé un gardien d’immeuble.

Le chef de la brigade, Christian M., surnommé « Le Dictateur » par les jeunes, a vu un an de prison avec sursis et cinq ans d’interdiction d’exercer requis contre lui. Il aurait gratuitement fracassé la main d’un jeune revendeur de drogue à la matraque dans une pièce du commissariat de Pantin.

Le parquet a enfin requis contre Yazid B. et Julien S., dit « L’Électricien » pour sa propension à utiliser le pistolet à impulsion électrique, six mois de prison avec sursis et un an d’interdiction.

Le représentant du ministère public a demandé la relaxe de deux des policiers poursuivis, faute de preuves suffisantes.

La justice avait ouvert une enquête en 2020 suite à une multiplication de plaintes sur des « comportements déviants » de cette brigade.

Dans leurs plaidoiries, des avocates de parties civiles ont tenu à replacer ce dossier dans un débat sociétal sur les dérives policières. « Les violences de la police sont un des terreaux du malaise social. Elles font perdre confiance dans la police, dans les institutions », a déclaré Me Coline Bouillon.

Le jugement sera rendu le 14 septembre.