(Varsovie) Le site du camp de la mort nazi d’Auschwitz-Birkenau à dénoncé mercredi l’exploitation de la mémoire de l’Holocauste dans le débat politique en Pologne, en train de se radicaliser à quelques mois des élections législatives d’automne.

« Instrumentaliser la tragédie des personnes qui ont souffert et sont mortes dans le camp nazi allemand d’Auschwitz – de part et d’autre du conflit politique – est une insulte à la mémoire des victimes », a déclaré le musée dans un communiqué.

« C’est une manifestation triste, douloureuse et inacceptable de la corruption morale et intellectuelle du débat public », ajoute ce texte.

Le communiqué a suivi la publication par le parti nationaliste populiste au pouvoir (PiS) d’un spot destiné à décourager les gens à participer à une importante manifestation antigouvernementale organisée dimanche prochain par le principal parti d’opposition centriste Plateforme civique.

Dans ce spot, le PiS utilise des images de l’ex-camp d’Auschwitz, plaçant sur leur fond un tweet grossier d’un commentateur politique antigouvernemental.  

Dans son message, enlevé depuis, l’ex-directeur de l’édition polonaise de l’hebdomadaire Newsweek, Tomasz Lis, a fait une rime pour estimer qu’une « chambre » attendait, pour leurs activités politiques, le chef du PiS Jaroslaw Kaczynski et le président Andrzej Duda, issu de cette formation.  

Dans son spot, le PiS demande aux gens s’ils veulent où non participer à une marche qui, selon ce parti, aura cette rime pour slogan.

La forme du mot chambre en polonais, « komora », utilisée par M. Lis peut en effet signifier une chambre à gaz alors que la majorité des victimes d’Auschwitz-Birkenau ont péri dans ce genre d’installations meurtrières.

Tomasz Lis s’est excusé depuis indiquant qu’il voulait dire « cellule » et non pas « chambre ».  

Le président Duda a lui aussi souligné mercredi que la mémoire des victimes d’Auschwitz était « sacrée et intouchable », sans préciser le destinataire.

Par ailleurs, mardi, un député d’extrême droite Grzegorz Braun a empêché la tenue d’une conférence sur le « Problème polonais avec l’Holocauste », par le professeur polono-canadien Jan Grabowski de l’Université d’Ottawa, à l’Institut historique allemand à Varsovie.  

Le député a cassé le micro et renversé des haut-parleurs et tenu des propos immodérés à l’adresse de l’intervenant et des organisateurs.

Le professeur Grabowski, tout comme l’historienne Barbara Engelking, directrice du Centre polonais de recherche sur la Shoah, font régulièrement l’objet d’accusations de diffamation et d’« antipolonisme » de la part des milieux nationalistes.  

Auschwitz-Birkenau est le symbole du génocide perpétré par l’Allemagne nazie à l’encontre de six millions de Juifs européens, dont un million sont morts dans ce camp entre 1940 et 1945.