(Nations unies) Le directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) s’est dit « encouragé » par les réactions de la Russie et de l’Ukraine aux cinq « principes concrets » qu’il a présenté mardi pour éviter un « accident nucléaire » à la centrale ukrainienne de Zaporijjia.

« Aujourd’hui représente un pas dans la bonne direction concernant la sécurité de la centrale nucléaire de Zaporijjia », a déclaré Rafael Grossi devant le Conseil de sécurité de l’ONU, insistant toujours malgré tout sur ses inquiétudes d’une « catastrophe » nucléaire.

« Nous sommes encouragés par l’expression de soutien pour notre travail […] y compris les cinq principes que j’ai établis aujourd’hui », a-t-il ajouté.

Le chef de l’instance onusienne mène depuis des mois des négociations pour assurer la protection de ce site du sud-est de l’Ukraine, où la situation est jugée très précaire du fait des bombardements liés aux combats.

Dans cette optique, il a présenté mardi devant le Conseil à New York ses « principes de base nécessaires pour empêcher un accident nucléaire ».

Premier d’entre eux, « il ne doit y avoir aucune attaque d’aucune sorte depuis ou contre la centrale, en particulier ciblant les réacteurs, le combustible usé ou d’autres infrastructures, ou le personnel ».

PHOTO ALEXANDER ERMOCHENKO, ARCHIVES REUTERS

La centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia

Ces principes incluent également que le site ne soit pas utilisé pour stocker des armes lourdes ou du personnel militaire, que la centrale ne puisse être déconnectée du réseau électrique et qu’elle soit protégée des actes de sabotage.

« Les cinq principes de l’AIEA pour éviter un accident nucléaire sont ainsi établis. L’AIEA compte commencer à surveiller l’application de ces principes par l’intermédiaire de sa mission sur le site », a-t-il ajouté, précisant ensuite devant la presse que dans cette optique, la présence de l’agence allait être « renforcée ».

Mesures réalistes

Cette centrale, la plus grande d’Europe, est située sur les bords du fleuve Dniepr qui, dans cette zone, sépare les deux camps.

Elle a été visée à plusieurs reprises par des tirs et a été coupée du réseau électrique à sept reprises depuis sa prise par l’armée russe, le 4 mars 2022.  

Rafael Grossi, qui dispose d’une équipe d’experts sur place, a visité le site fin mars et intensifié depuis ses efforts, mettant en garde contre « le danger très réel d’un accident nucléaire ».

Initialement évoquée, l’idée d’une zone démilitarisée autour du site a été abandonnée pour privilégier des mesures réalistes, acceptables à la fois par Kyiv et Moscou.

Les ambassadeurs russe et ukrainien se sont rejeté mutuellement la responsabilité de la situation à Zaporijjia, sans exclure les principes présentés par le patron de l’AIEA.

« Les propositions de M. Grossi […] sont en accord avec les mesures que nous avons mises en place depuis longtemps », a commenté l’ambassadeur russe Vassili Nebenzia, accusant Kyiv et ses alliés occidentaux d’être responsables des « menaces » contre la sûreté de la centrale.

« Nous prenons note des principes du directeur général pour assurer la sécurité et la sûreté de la centrale de Zaporijjia », a répondu l’ambassadeur ukrainien Sergiy Kyslytsya, notant qu’ils pouvaient s’appliquer à toutes les centrales dans le monde.

Toutefois, « en raison de la situation unique, avec l’occupation illégale de la station par un autre État, ces principes doivent être complétés avec une demande de démilitarisation totale et de fin de l’occupation » de la centrale, a-t-il insisté.

Il y a certes des « approches différentes », mais « ce qui est important est le dénominateur commun minimum, ces cinq principes de bases, qui ont été largement soutenus. Aucune voix ne s’y est opposée », a estimé M. Grossi.