(Paris) Les autorités françaises ont nié mardi qu’il y ait eu des interpellations injustifiées lors des manifestations récentes contre la réforme des retraites à Paris, comme l’a dénoncé l’opposition.

« Il n’y a pas d’interpellations injustifiées, je ne peux pas laisser dire ça », a déclaré le préfet de police de Paris Patrick Nuñez sur la télévision BFMTV, alors que syndicats d’avocats, de magistrats et des politiques de gauche ont dénoncé des gardes à vue « arbitraires ».

« On interpelle pour des infractions qui, à nos yeux, sont constituées » et, une fois le placement en garde à vue décidé par un officier de police judiciaire (OPJ), « nous avons 48 heures pour essayer de matérialiser l’infraction, c’est court », a insisté le préfet de police.

« Quand on arrive au bout des 48 heures, parfois on n’a pas caractérisé l’infraction, on est dans un État de droit, c’est heureux et à ce moment-là, il n’y a pas de poursuites », a poursuivi Laurent Nuñez.

Selon le dernier bilan consolidé du parquet de Paris, 425 personnes ont été placées en garde à vue lors des trois premières soirées de manifestations spontanées, de jeudi à samedi. Seules 52 d’entre elles ont fait l’objet de poursuites à l’issue de la procédure.  

Les chiffres pour les soirées de dimanche et lundi ne sont pas encore disponibles, a indiqué le parquet.

Au total, 287 personnes, dont 234 à Paris, ont été interpellées lundi soir en France lors d’une cinquième soirée consécutive de manifestations spontanées contre la décision du gouvernement de faire adopter sans vote sa réforme des retraites à l’assemblée, selon une source policière.

Au cours de cette soirée, une vidéo largement relayée sur les réseaux sociaux montre un policier qui assène un coup de poing au visage d’un manifestant à Paris.  

Le préfet de police, qui a reconnu que le geste paraissait sur les images « inadapté », a indiqué avoir demandé l’ouverture d’une enquête administrative pour établir le déroulé des faits.  

Claire Hédon, la Défenseure des droits, équivalent d’un ombudsman et qui est chargée de défendre les droits des citoyens en France, s’est dit de son côté « préoccupée » et « inquiète », sur les conséquences d’interpellations préventives synonymes de privation de liberté et rappelé les règles de déontologie dans le maintien de l’ordre.