(Bruxelles) La Chine doit dialoguer « directement » avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky si elle veut que son plan de paix soit pris au sérieux, a estimé mardi le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg.

Le chef de l’État russe Vladimir Poutine et son homologue chinois Xi Jinping se sont réunis mardi à Moscou pour de nouvelles discussions consacrées au conflit en Ukraine et au renforcement des relations « stratégiques » entre leurs deux pays face à l’Occident.

M. Poutine s’est dit prêt à discuter d’une initiative chinoise visant à mettre fin à ce conflit, sur la base d’un document publié le mois dernier par Pékin et appelant en particulier à des négociations de paix.

« Il appartient à l’Ukraine de décider quelles sont les conditions acceptables pour toute solution pacifique », a rappelé Jens Stoltenberg au cours d’un point de presse au siège de l’Alliance atlantique à Bruxelles pour la présentation du rapport d’activités de l’OTAN en 2022.

« La Chine doit comprendre le point de vue de l’Ukraine et dialoguer directement avec le président Zelensky », a-t-il soutenu.

« Toute solution de paix pour l’Ukraine doit être fondée sur le respect de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de l’Ukraine », a-t-il insisté.

« Un cessez-le-feu ou toute solution qui ne respecte pas la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine ne sera qu’un moyen de geler la guerre et de permettre à la Russie de reconstituer ses forces et d’attaquer à nouveau. Ce ne sera pas une paix juste et durable », a-t-il averti.

Jens Stoltenberg a par ailleurs une nouvelle fois exhorté Pékin à ne pas fournir d’armes à la Russie.

« Nous n’avons pas de preuves que la Chine fournit des armes à la Russie », a-t-il rappelé.

« La Chine ne doit pas fournir d’aide létale à la Russie. Ce serait soutenir une guerre illégale, prolonger la guerre et soutenir l’invasion illégale de l’Ukraine. C’est quelque chose que la Chine ne devrait pas faire », a-t-il plaidé.

L’OTAN et la Chine ne sont pas partenaires. Toutefois, l’Alliance atlantique ne considère pas ce pays comme un adversaire, est-il précisé dans le rapport paru mardi.

« Le nouveau concept stratégique adopté par l’Alliance au sommet de Madrid en juin 2022 identifie la Russie comme la menace la plus importante pour notre sécurité, avec le terrorisme, et indique clairement que la Chine défie nos intérêts, notre sécurité et nos valeurs », a encore dit Jens Stoltenberg.

Les alliés doivent « faire davantage » pour leur défense

Les pays de l’OTAN doivent « faire davantage » pour consacrer au moins 2 % de leur PIB à leurs dépenses de défense et un nouvel engagement devra être fixé au sommet de Vilnius en juillet, a annoncé mardi le secrétaire général de l’Alliance Jens Stoltenberg.

Onze États membres avaient atteint ou dépassé cet objectif en 2020. Ils étaient huit en 2021 et ne sont plus que sept en 2022. « Nous attendions plus, mais le PIB a augmenté plus que prévu pour quelques alliés », a expliqué Jens Stoltenberg pendant la présentation du rapport annuel de l’OTAN.

Les sept pays restés membres du club des 2 % l’an dernier sont la Grèce (3,46 %), les États-Unis (3,46 %), la Lituanie (2,47 %), la Pologne (2,42 %), le Royaume-Uni (2,16 %) et l’Estonie (2,12 %). À l’exception de la Lituanie et de la Pologne, les budgets militaires de ces pays s’affichent néanmoins en recul par rapport à 2021.

La Croatie (1,91 %) et la France (1,89 %) sont proches des 2 %, mais leurs dépenses pour la défense ont reculé par rapport à 2021.

L’Allemagne reste à 1,49 % malgré l’engagement de créer un fonds spécial de 100 milliards d’euros consacré à la Bundeswehr. La Belgique et le Danemark ont également annoncé en 2022 un accroissement de leurs dépenses militaires après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, mais restent en deçà des 1,5 % de leur PIB.

Les pays de l’OTAN se sont engagés en 2014, après l’annexion de la Crimée par la Russie, à porter leurs dépenses pour la défense à 2 % de leur PIB en 2024.

De « nombreux » États membres de l’organisation « ont annoncé d’importantes augmentations de leurs dépenses de défense depuis l’invasion de la Russie. Ces promesses doivent maintenant se concrétiser, car les dépenses de défense sous-tendent tout ce que nous faisons depuis 2014 », a plaidé Jens Stoltenberg.

« Nous allons dans la bonne direction, mais pas aussi vite que l’exige le monde dangereux dans lequel nous vivons », a-t-il insisté.

« Il est évident que nous devons faire davantage et le faire plus rapidement. Lors de notre sommet à Vilnius en juillet, j’attends des alliés qu’ils conviennent d’un nouvel engagement plus ambitieux et que l’objectif de 2 % du PIB soit un minimum, un seuil à investir dans notre défense », a-t-il dit.