La solidarité envers les sinistrés s’organise à Istanbul

(Istanbul) À Istanbul, comme partout en Turquie, le puissant séisme qui a touché le pays et fait des milliers de morts provoque une importante vague de solidarité.

« Je veux juste aller sur place et aider le plus de monde possible », explique Kadir Kantar. À seulement 22 ans, cet étudiant turc s’apprête à se rendre au plus près de la catastrophe qui endeuille son pays depuis lundi.

Assis à côté d’autres étudiants qu’il vient tout juste de rencontrer, il attend à l’aéroport d’Istanbul, depuis plusieurs heures, une place à bord d’un vol vers Adana, ville à demi détruite par les secousses. Comme lui, des milliers d’autres volontaires ne cessent d’affluer depuis lundi dans cet espace de l’aéroport réservé à l’envoi d’aide dans les zones turques sinistrées.

C’est une association sportive de son université qui lui a proposé d’aller sur place avec d’autres étudiants. Kadir Kantar n’a pas hésité une seconde avant de dire oui. « Je veux aller sauver et aider ces gens en danger, leur apporter de la nourriture, tenter de nettoyer les débris. Je suis prêt à faire n’importe quoi et je le ferai, je n’ai pas peur. »

PHOTO ROMAIN CHAUVET, COLLABORATION SPÉCIALE

Kadir Kantar (vêtu d’une veste blanche) s’apprête à partir avec d’autres jeunes pour aider les sinistrés.

La peur, ce sont peut-être ses parents qui l’ont pour lui. Le jeune homme raconte que l’annonce de son départ n’a pas été bien reçue par ses parents, inquiets pour sa sécurité. Mais pour lui, peu importe, aller sur place pour aider ses compatriotes apparaît comme une nécessité. « Si cela m’arrivait, j’attendrais des autres la même aide. »

Offrir un toit

Partout la solidarité se fait sentir et s’exprime de façon différente. Eliz Yavuz a, elle, déjà décidé d’ouvrir les portes de son appartement au centre d’Istanbul pour les rescapés. Elle dit pouvoir y accueillir, au chaud, une femme et deux enfants. « Je leur fournirai tout gratuitement. Les faire payer, c’est la dernière chose à laquelle je pense. »

PHOTO ROMAIN CHAUVET, COLLABORATION SPÉCIALE

Eliz Yavuz

« J’ai vu des hôtels dans les régions touchées par les séismes qui offraient des chambres pour les rescapés. Ça m’a inspirée. Je me suis dit qu’il y aura bientôt un temps où tous les hôtels seront remplis et les gens auront besoin de commencer une nouvelle vie », explique-t-elle.

Son message a depuis été partagé de nombreuses fois sur les réseaux sociaux, mais il est encore trop tôt pour que des rescapés arrivent à Istanbul. Qu’importe, elle voit ce geste comme une aide à long terme. « Ce n’est pas seulement pour aujourd’hui, cette situation va avoir des conséquences pendant des mois. Beaucoup de gens ont tout perdu, ils n’ont plus de maison, ni d’emploi, ni de vêtements », explique celle dont la voisine, une Syrienne qui vit maintenant en Turquie, a appris que sa maison complète a été détruite dans son pays d’origine.

Face aux bilans qui ne cessent de s’alourdir, Eliz Yavuz a aussi décidé d’ouvrir les portes de sa maison d’été inoccupée, qui se situe dans le sud du pays, à Kaş. « C’est très important que les humains aident des humains. Les désastres n’ont pas de citoyenneté, de religion ou de frontières. Il s’agit seulement d’être une bonne personne et d’essayer de faire quelque chose. »

Importante solidarité

Depuis le début de la catastrophe, c’est tout un pays qui est en deuil. Chacun ici est encore bouleversé par les évènements et peine à en prendre la mesure. Malgré tout, de nombreux citoyens d’Istanbul se ruent depuis lundi pour aller donner de leur sang ou apporter des dons.

Un bureau municipal du quartier Beyoğlu, à Istanbul, a littéralement été transformé en centre de dons. Les visites ne cessent de se multiplier, si bien que le bureau a dû allonger ses heures d’ouverture. À l’image de ces dizaines de sacs entièrement remplis et amassés en seulement une heure.

À l’intérieur, des biens de première nécessité, des couvertures ou encore des jouets pour enfants. Depuis lundi, plus de six camions sont partis de ce bureau vers les zones sinistrées, selon un employé sur place, qui dit assister à une vague de solidarité jamais vue. Et qui ne fait que commencer.