(Londres) Le gouvernement écossais a annoncé dimanche la suspension du transfert de toute personne transgenre détenue ayant des antécédents de violences envers les femmes, notamment sexuelles, vers une prison pour femmes et ordonné un examen « urgent » des pratiques en vigueur.

Cette décision intervient après que deux cas emblématiques ont créé de vives réactions. Mais, a insisté le ministre écossais de la Justice Keith Brown, elle est sans lien avec un récent projet de loi voté par le Parlement écossais sur le changement de genre, dont l’entrée en vigueur a été bloquée par Londres.

Expliquant comprendre l’émotion dans l’opinion publique, le ministre écossais de la Justice Keith Brown a dit espérer que les mesures annoncées dimanche « rassureront quant à la capacité de l’administration pénitentiaire à […] assurer la sécurité » de toutes les personnes détenues.

« Nous ne devons aucunement laisser s’installer l’idée que les femmes trans représenteraient une menace inhérente pour les femmes », a-t-il insisté, « Ce sont les hommes prédateurs qui sont un risque pour les femmes », a-t-il ajouté, « comme tout groupe dans la société, un petit nombre de femmes transgenres commettront des infractions et seront incarcérées ». Les personnes transgenres représentent 0,2 % de la population carcérale écossaise, a-t-il précisé.

Selon les médias britanniques, Tiffany Scott, femme transgenre maintenue en détention pour une durée indéterminée car considérée comme représentant un risque pour la sécurité publique notamment après avoir harcelé depuis sa cellule une jeune fille de 13 ans en lui envoyant des lettres, avait obtenu son prochain transfert vers une prison pour femmes.

Une autre détenue transgenre, Isla Bryson, a été condamnée mardi pour le viol de deux femmes en 2016 et 2019 avant sa transition pour devenir une femme. D’abord incarcérée dans une prison pour femmes dans l’attente d’une décision sur sa peine, elle a finalement été transférée pour un établissement pour hommes.

Ces affaires interviennent alors que Londres a récemment bloqué une loi votée en Écosse pour faciliter la reconnaissance du changement de genre, en la permettant sans avis médical et dès 16 ans.  

Ces mesures sont critiquées notamment par certaines militantes féministes qui y voient un moyen pour des prédateurs sexuels d’accéder à des endroits réservés aux femmes, malgré les garanties prévues par le texte.

Le gouvernement de Rishi Sunak, avait avancé qu’une telle loi entraînerait des « complications significatives en créant deux régimes de reconnaissance du genre au sein du Royaume-Uni ».

Mais le gouvernement indépendantiste de Nicola Sturgeon l’a accusé d’instrumentaliser ce sujet sensible à des fins politiques contre la majorité indépendantiste, tandis que les militants LGBTQ+ avaient regretté le blocage de Londres.