Les États-Unis sont sur le point d’approuver l’envoi de chars de combat M1 Abrams à l’Ukraine, ont déclaré mardi des responsables américains. L’Allemagne devrait leur emboîter le pas sous peu.

La décision des États-Unis pourrait être annoncée dès ce mercredi, mais la livraison des chars est susceptible de prendre des mois. Le nombre de chars pourrait être compris entre 30 et 50, selon le New York Times.

« La décision américaine va ainsi ouvrir la porte aux Allemands », affirme Dominique Arel, professeur à l’Université d’Ottawa et titulaire de la Chaire en études ukrainiennes.

La semaine dernière, le Royaume-Uni a confirmé l’envoi de chars Challenger 2 en Ukraine. D’autres pays occidentaux, comme la Pologne et la Finlande, se sont dits prêts à lui emboîter le pas en envoyant des chars Leopard 2, à condition d’obtenir l’autorisation de l’Allemagne.

En tant que constructeur des chars Leopard 2, l’Allemagne a son mot à dire sur la réexportation de ce type d’arme offensive.

L’Allemagne ne voulait pas aller de l’avant sans une politique parallèle des États-Unis, pour que ce soit un front commun.

Dominique Arel, titulaire de la Chaire en études ukrainiennes de l’Université d’Ottawa

Dès que les États-Unis confirmeront leur décision, l’Allemagne acceptera la demande de la Pologne de transférer des chars Leopard 2 à l’Ukraine, selon un responsable qui a parlé sous le couvert de l’anonymat, car la décision n’a pas encore été rendue publique.

Mardi soir, deux médias allemands, le Spiegel et la chaîne d’information NTV, ont même assuré que le chancelier Olaf Scholz allait donner son feu vert, probablement ce mercredi. « De telles livraisons n’apporteront rien de bon » aux relations russo-allemandes, a en revanche réagi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

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L’avantage technologique

Les Leopard 2 et les M1 Abrams, considérés comme supérieurs aux chars russes, pourraient avoir un impact majeur sur le terrain, estime M. Arel. « Ce n’est pas seulement la quantité qui est envoyée qui fait une différence, c’est aussi la qualité. Les Ukrainiens auraient l’avantage technologique », dit-il.

M. Arel croit que l’ajout de ces chars pourrait permettre à l’armée ukrainienne de lancer sa contre-offensive, « notamment en débloquant le front sud ».

Il faudra toutefois des mois pour acheminer les chars en Ukraine et former les forces ukrainiennes à leur utilisation.

Dans les dernières années, les deux chars de combat, sensiblement équivalents, ont fait leurs preuves. Le Leopard 2 a été utilisé en Afghanistan et au Kosovo, où il était très résistant, notamment face aux engins explosifs. Environ 2000 de ces chars sont répartis dans une dizaine de pays, dont le Canada, qui en possède 82. De son côté, le M1 Abrams a entre autres été utilisé en Irak et en Égypte.

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Une centaine ?

Le nombre exact de chars qui pourraient être envoyés en Ukraine reste à déterminer. « Il y en a qui parlent d’une centaine », indique M. Arel.

Kyiv réclame à ses alliés occidentaux, dont le soutien militaire et financier est crucial, 300 chars de combat.

Je ne pense pas qu’on va se rendre à 300 cette semaine. Mais déjà, si on part de zéro et qu’effectivement on se rend à une centaine, ce serait un méchant changement sur le terrain.

Dominique Arel, titulaire de la Chaire en études ukrainiennes de l’Université d’Ottawa

Depuis les dernières semaines, la réticence internationale à envoyer des chars sur le front contre les Russes a commencé à s’estomper. « Ce qu’on peut décoder, c’est que les Américains et les Européens ne pensent plus que ça créerait une escalade avec la Russie, comme le recours aux armes nucléaires ou des incursions sur le territoire de l’OTAN », explique M. Arel.

Jusqu’ici, les États-Unis avaient résisté à l’idée de fournir leurs propres chars M1 Abrams à l’Ukraine, en invoquant les défis logistiques et d’entretien complexes de ces véhicules de haute technologie.

Avec l’Associated Press, l’Agence France-Presse et André Duchesne, La Presse