(Moscou) Des Russes continuaient, malgré la répression, de déposer des fleurs sur un mémorial improvisé pour les victimes du bombardement meurtrier il y a neuf jours d’un immeuble à Dnipro, en Ukraine, ont constaté des journalistes de l’AFP lundi.

Depuis cette frappe qui a fait 46 morts, imputée aux forces russes par Kyiv, des Russes sont venus déposer des fleurs, photographies et messages au pied de la statue à Moscou d’une poétesse ukrainienne, Lessia Oukraïnka, aménageant ainsi un mémorial de fortune aux victimes.

Des inconnus ont nettoyé le monument à plusieurs reprises et la police a procédé à des arrestations, mais les hommages se sont poursuivis. Présents au mémorial lundi matin, des journalistes de l’AFP ont vu plusieurs personnes déposer des fleurs sous les yeux de policiers dans une voiture, tandis que d’autres bouquets étaient déjà disposés au pied de la statue.

« J’exprime mes sentiments face à cette catastrophe du mieux que je peux. Je veux exprimer ma sympathie, présenter mes condoléances aux personnes qui souffrent actuellement », a expliqué à l’AFP Elena Ivanova, une mathématicienne de 63 ans, après avoir déposé son bouquet de chrysanthèmes jaunes.

« Il n’y a pas d’autre option. C’est la seule façon d’exprimer ma protestation, après tout », dit-elle.

Alexandre Volochine, guide touristique de 40 ans, est lui resté devant le monument pendant plusieurs minutes en enlevant son chapeau.

« Je suis les informations. Et dès que j’ai vu les photos montrant que des fleurs étaient apportées au mémorial il y a une semaine, j’ai décidé d’y aller et le lendemain, je l’ai fait », raconte-t-il.

« Je voulais vraiment prendre des photos et voir par moi-même que les Moscovites sympathisent et font preuve d’empathie. Qu’il y ait un mémorial dédié aux victimes en Ukraine, aux Ukrainiens, de l’empathie pour eux », ajoute-t-il.

Observant qu’il « avait beaucoup de fleurs (samedi) et plus beaucoup maintenant », il fustige les autorités russes, qui « luttent contre cette sympathie, contre les gens ».

Il dit avoir « beaucoup d’amis » ukrainiens et qu’il est « important pour eux de savoir qu’il y a de la sympathie, qu’il y a une sorte de protestation contre ce cauchemar ».

Les manifestations publiques contre l’offensive en Ukraine sont très rares en Russie, dans un contexte de répression tous azimuts. Critiquer l’armée russe est passible de prison ferme en Russie.

Selon l’ONG OVD-Info, près de 20 000 personnes ont été interpellées en Russie lors de rassemblements contre l’intervention en Ukraine, depuis son lancement le 24 février 2022.