(Kyiv) Vladimir Poutine a promis jeudi de poursuivre les frappes contre les infrastructures énergétiques ukrainiennes, une réplique selon lui à des attaques de Kyiv notamment en Crimée, péninsule annexée dont Moscou a admis la vulnérabilité.

De son côté, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé les forces russes de miner et piéger intensément les territoires qu’ils abandonnent lors de leurs retraits, assurant que « le terrorisme des mines figurera parmi les accusations portées contre la Russie ».  

« Les terroristes essaient délibérément de laisser derrière eux autant de pièges mortels que possible », a-t-il déclaré dans son adresse quotidienne sur l’internet. « Mines terrestres enfouies, fils-pièges, bâtiments, voitures et infrastructures minés… Il s’agit de plus de 170 000 kilomètres carrés de territoire dangereux », a estimé M. Zelensky.

Remettant des médailles à des soldats et à d’autres personnalités jeudi au Kremlin, Vladimir Poutine a pour sa part balayé les critiques occidentales des frappes russes qui ont laissé ces dernières semaines des millions d’Ukrainiens sans courant, voire sans eau et sans chauffage, en pleines températures hivernales.

« Oui, nous le faisons, mais qui a commencé ? », a lancé M. Poutine, présentant ces bombardements comme une réplique à l’explosion ayant endommagé début octobre le pont de Crimée construit par la Russie et à d’autres attaques imputées à Kyiv.

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Cet automne, le pont reliant la Crimée à la Russie a été partiellement détruit par une énorme explosion que Moscou a attribuée aux forces ukrainiennes.

Il a aussi reproché à Kyiv d’avoir « fait sauter les lignes électriques de la centrale nucléaire de Koursk », une région russe frontalière de l’Ukraine, et de « ne pas approvisionner en eau » le bastion séparatiste prorusse de Donetsk, dans l’est du pays.

« De notre côté, dès que nous nous mettons à faire quelque chose en réponse, le bruit, la clameur, le crépitement se répandent dans tout l’univers », a ironisé M. Poutine. « Cela nous ne gênera pas pour remplir nos missions de combat », a-t-il dit.

« Des risques » en Crimée

Plus tôt jeudi, le Kremlin avait reconnu être vulnérable à des attaques ukrainiennes en Crimée, péninsule annexée en 2014, après plusieurs attaques attribuées à l’Ukraine loin du front.

Jeudi, un drone a été abattu par la flotte russe à Sébastopol en Crimée, ont indiqué les autorités locales, signe des risques qui continuent de peser sur la péninsule annexée que Kyiv a juré de reprendre.

Ces attaques, associées à une série de revers russes en Ukraine, semblent témoigner du fait que, neuf mois après le début de l’offensive, la Russie peine à consolider non seulement ses positions, mais aussi à protéger ses bases-arrières.

La flotte russe de la mer Noire, basée dans le port de Sébastopol, a été touchée fin octobre par ce que les autorités ont qualifié d’attaque « massive » de drones, qui avait endommagé au moins un navire.

Et début octobre, le pont reliant la péninsule à la Russie a été partiellement détruit par une explosion que Moscou a attribuée aux forces ukrainiennes.

« Espions » arrêtés

Avec des lignes de front qui risquent de se figer avec l’hiver, les Ukrainiens se tournent de plus en plus vers les drones pour frapper les bases russes situées à l’arrière, loin du front, tandis que les Russes bombardent les infrastructures énergétiques ukrainiennes, quitte à plonger les civils dans le froid.

Selon l’opérateur ukrainien Ukrenergo, le système électrique était encore victime jeudi d’un « déficit significatif » après les dernières frappes russes lundi.

Signe des tensions en Crimée, les services de sécurité russes (FSB) ont annoncé jeudi l’arrestation de deux habitants de Sébastopol soupçonnés d’avoir transmis à l’Ukraine des informations sur des cibles militaires.

L’armée ukrainienne s’est rapprochée ces dernières semaines de la Crimée grâce à une contre-offensive victorieuse qui lui a permis de reprendre le 11 novembre la ville stratégique de Kherson, dans le sud du pays.

Dans cette zone, où le gros des forces des deux camps est séparé par le fleuve Dniepr, la situation reste tendue, avec des frappes russes régulières sur Kherson.

Oleksiï Kovbassiouk, un habitant de la région rencontré, traverse le fleuve malgré les risques et les températures glaciales pour aider les habitants coincés sur la rive gauche, occupée par les Russes, à fuir.

« J’ai déjà eu deux impacts de balles dans mon bateau », dit-il.

En marge du dossier ukrainien, Moscou et Washington ont procédé jeudi à un important échange de prisonniers à l’aéroport d’Abou Dabi, aux Émirats arabes unis.  

La Russie a récupéré le marchand d’armes Viktor Bout, détenu depuis plus de dix ans aux États-Unis, tandis que la basketteuse américaine Brittney Griner, emprisonnée depuis plusieurs mois en Russie pour trafic de cannabis, retourne aux États-Unis.