(Dublin) La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a affiché jeudi à Dublin sa confiance quant à une issue positive des négociations avec le gouvernement britannique au sujet des dispositions commerciales post-Brexit en Irlande du Nord.

Devant le Parlement irlandais, la cheffe de l’exécutif européen s’est réjouie de « l’esprit nouveau, plus pragmatique », qui règne autour des discussions avec Londres.

« En faisant preuve de bon sens et en se concentrant sur les questions qui comptent vraiment en Irlande du Nord, je crois que nous pouvons progresser pour résoudre les problèmes pratiques qui entourent le protocole », a-t-elle ajouté. Mais les « conséquences du Brexit et le type de Brexit choisi par le Royaume-Uni ne peuvent pas être entièrement supprimés ».

« Une solution réalisable est à portée » de main, si les deux parties sont « sensibles » au « délicat équilibre » qui doit être trouvé, a-t-elle ajouté, qualifiant d’« encourageants » ses contacts avec le nouveau premier ministre britannique Rishi Sunak.

La province britannique d’Irlande du Nord est plongée dans une impasse politique. Au cœur des désaccords, le protocole nord-irlandais, qui a été négocié au moment de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne.

L’Irlande du Nord possède la seule frontière terrestre du Royaume-Uni avec l’UE, mais celle-ci doit rester ouverte en vertu de l’accord de paix de 1998 qui a mis fin à trois décennies de violences.

Le protocole maintient ainsi l’Irlande du Nord au sein du marché unique européen, mais crée de fait une frontière douanière avec l’île de Grande-Bretagne, inacceptable pour les unionistes nord-irlandais, qui voient dans ce dispositif une menace sur la place de la province au sein du Royaume-Uni.

« Redoubler » d’efforts

« Il ne peut pas y avoir de frontière dure sur l’île d’Irlande », a lancé Ursula von der Leyen, s’attirant de fervents applaudissements des parlementaires irlandais et une ovation à la fin de son intervention.

« Le Brexit ne deviendra pas un obstacle sur le chemin de la réconciliation en Irlande », qui a été déchirée par un conflit sanglant entre nationalistes, favorables à une réunification, et loyalistes, fidèles à la couronne britannique, a-t-elle déclaré.

Dans la foulée, le premier ministre irlandais Micheal Martin a exprimé sa conviction qu’un accord est possible. « Comme vous, nous voulons voir un partenariat nouveau et vital avec le Royaume-Uni, qui sera atteint si nous pouvons résoudre les problèmes relatifs au protocole avec la volonté politique adéquate. »

Dès son arrivée à Dublin en milieu de journée, Ursula von der Leyen avait donné le ton en se disant « très confiante » d’atteindre une issue positive si le Royaume-Uni en a la « volonté politique ».

À l’issue d’un appel avec le ministre britannique des Affaires étrangères James Cleverly, le vice-président de la Commission, Maros Sefcovic, a souligné que l’UE est « prête » à « redoubler » d’efforts pour « trouver des solutions communes au profit de toutes les communautés en Irlande du Nord ».

« Je veux profiter au maximum de cette claire fenêtre d’opportunité », « nos équipes continuent à travailler et nous nous reparlerons bientôt », a ajouté M. Sefcovic, qui mène les négociations côté européen.

« Maros, merci pour les discussions importantes sur le protocole nord-irlandais aujourd’hui », a rétorqué le chef de la diplomatie britannique.

« Nous restons engagés à trouver une solution durable pour l’avantage de tous », a assuré James Cleverly, dans un message dont la tonalité tranche avec le climat orageux qui a pu être observé entre Bruxelles et Londres il y a quelques mois.