(Kyiv) L’opérateur nucléaire ukrainien Energoatom a accusé jeudi le nouveau directeur ukrainien de la centrale de Zaporijjia (sud), nommé la veille par la Russie qui s’est approprié le site, d’être un « traître » pour avoir accepté de collaborer avec Moscou.

Mercredi, Iouriï Tchernitchouk, un ingénieur ukrainien qui travaillait déjà dans la centrale, avait annoncé dans un communiqué « accepter » la proposition russe de diriger ce site nucléaire.

« Iouriï Tchernitchouk, (jusque-là) ingénieur en chef adjoint de la centrale, qui a exercé ses fonctions pendant la guerre, a trahi l’Ukraine et est passé du côté de l’ennemi », a déploré jeudi le chef d’Energoatom Petro Kotine dans un communiqué, sa première réaction sur le sujet.

« Au lieu de tout mettre en œuvre pour libérer la centrale au plus vite, il a décidé d’aider les occupants russes à légaliser leur appropriation criminelle (du site) et incite désormais d’autres employés à le faire », a-t-il encore regretté.

Energoatom a assuré avoir « renvoyé » M. Tchernitchouk de ses fonctions, bien que cette décision n’ait pas d’impact dans les faits, le site étant sous contrôle des forces russes.  

Pour M. Kotine, « il répondra tôt ou tard de tous (ses actes) devant la loi et devant les gens ».

Depuis plusieurs mois, Moscou et Kyiv s’accusent mutuellement de bombardements sur la centrale nucléaire de Zaporijjia, la plus grande d’Europe, faisant craindre la survenue d’un accident d’ampleur.

M. Kotine a de nouveau dénoncé « les pressions », « les intimidations » et « le chantage » exercés, selon lui, sur les employés ukrainiens par l’armée russe présente sur le site.

« Tenez bon sans vendre votre âme au diable, sans signer de misérables “contrats” avec la Russie », a-t-il demandé au personnel de la centrale.

La veille, un porte-parole de l’agence russe Rosenergoatom, qui gère de facto le site depuis le début de son occupation, avait affirmé que « toute l’équipe de direction, y compris le chef mécanicien, ses adjoints et tous les (titulaires des) postes-clés » avaient signé de gré de nouveaux contrats.

 « C’est un mensonge cynique », a réagi jeudi M. Kotine.