(Kyiv) Près de la moitié du réseau électrique ukrainien restait jeudi hors d’usage, une semaine après les dernières frappes russes sur les infrastructures énergétiques, a indiqué l’opérateur privé DTEK, tout en soulignant les efforts « de jour comme de nuit » des électriciens pour les réparer.

« La Russie a détruit 40 % du système énergétique ukrainien avec des attaques terroristes aux missiles. Des dizaines de travailleurs de l’énergie ont été tués et blessés », a affirmé DTEK dans un communiqué publié sur Telegram.

Après avoir essuyé des défaites militaires humiliantes sur le terrain, la Russie a commencé en octobre à viser des installations énergétiques ukrainiennes, provoquant de graves dégâts et entraînant de graves pénuries d’électricité qui affectent des millions d’Ukrainiens chaque jour.  

Le 24 novembre, les dernières frappes massives sur ces sites ont laissé dans le noir et le froid des régions entières, y compris la capitale Kyiv.

Et de nouvelles frappes russes risquent d’aggraver considérablement la situation énergétique, et de provoquer une nouvelle crise de réfugiés au plein cœur de l’hiver.

« Les ingénieurs électriciens font tout ce qui est possible et impossible pour stabiliser la situation concernant l’approvisionnement énergétique », a indiqué DTEK, affirmant que ses équipes techniques travaillent « de jour comme de nuit » pour réparer rapidement ces infrastructures.

L’opérateur privé a aussi dit « tout faire pour qu’il y ait de l’électricité dans chaque maison de Kyiv au moins une ou deux fois » par jour.

Pour avoir un peu de lumière ou de chaleur durant les multiples tranches horaires quotidiennes où ils sont privés d’électricité, les Ukrainiens doivent recourir à des solutions alternatives, utilisant notamment des bougies ou encore des générateurs, ce qui entraîne parfois des incendies accidentels meurtriers.

Mercredi, les secours ukrainiens avaient dit avoir recensé la veille neuf morts et huit blessés dans ces incendies domestiques.

Plus de 1300 prisonniers libérés depuis le début de la guerre

Plus de 1300 prisonniers ukrainiens ont été libérés lors d’échanges avec la Russie depuis le début de la guerre en février, a annoncé jeudi le président Volodymyr Zelensky après un nouvel échange entre Kyiv et Moscou.

« Nous ne nous arrêterons pas tant que nous ne [les] aurons pas tous récupérés. Après l’échange d’aujourd’hui, ce sont déjà 1319 héros qui sont rentrés chez eux », s’est félicité le président ukrainien sur Telegram.

Selon son chef de cabinet, Andriï Iermak, « 50 défenseurs de l’Ukraine ont été libérés » jeudi, dont des « défenseurs de Marioupol et d’Azovstal », l’aciérie de cette ville portuaire du sud de l’Ukraine pilonnée au printemps par l’armée russe avant de tomber.

M. Iermak a précisé que « des prisonniers qui se trouvaient à Olenivka », une prison contrôlée par la Russie dans l’est de l’Ukraine, avaient été également libérés.

Ce centre pénitentiaire avait été bombardé fin juillet, ce qui avait causé la mort de nombreux prisonniers de guerre ukrainiens. Kyiv et Moscou s’étaient rejeté la responsabilité de la frappe.

M. Iemark a accompagné son message sur les réseaux sociaux de photographies montrant des hommes en treillis militaire, d’autres en tenue civile, certains brandissant des drapeaux ukrainiens.

Le ministère russe de la Défense a confirmé l’échange, affirmant que les 50 prisonniers russes libérés par Kyiv étaient en Ukraine en « danger de mort en captivité ».

La Russie et l’Ukraine ont procédé à de multiples échanges de prisonniers depuis le début de la guerre en février. Mais les deux camps se sont plusieurs fois aussi mutuellement accusés d’infliger de mauvais traitements aux détenus.

Dans un rapport publié mi-novembre, l’ONU avait affirmé que les prisonniers de guerre ukrainiens étaient torturés de manière « assez systématique » par les forces russes, et que des témoignages faisaient également état de cas de mauvais traitements du côté ukrainien.

Le 20 octobre, la Russie avait dit détenir « plus de 6000 prisonniers ukrainiens », un chiffre invérifiable par l’AFP que Kyiv n’a pas commenté.

Les activités des organisations religieuses affiliées à Moscou limitées

L’Ukraine va limiter les activités sur son territoire des organisations religieuses affiliées à la Russie et remettre en question le statut de l’Église orthodoxe dépendante du patriarcat de Moscou, a annoncé jeudi le président Volodymyr Zelensky.

« Le Conseil de sécurité nationale et de défense a chargé le gouvernement de proposer à la Verkhovna Rada [le Parlement] un projet de loi pour rendre impossible les activités en Ukraine des organisations religieuses affiliées aux centres d’influence en Russie », a déclaré M. Zelensky dans son discours vidéo du soir.

Selon M. Zelensky, l’État ukrainien devra également « s’assurer de l’expertise religieuse du statut de l’Église orthodoxe ukrainienne sur la présence d’un lien canonique avec le patriarcat de Moscou et, si nécessaire, prendre les mesures prévues par la loi ».

Ces mesures font suite à des perquisitions menées en novembre par les services de sécurité ukrainiens dans le principal monastère de la capitale Kyiv, lieu de résidence du primat de l’Église orthodoxe ukrainienne, et plusieurs autres lieux de cultes, sur fond de soupçons de liens avec Moscou.

Les services ukrainiens ont ensuite assuré y avoir saisi plusieurs milliers de dollars et de la « littérature prorusse ».