(Sarajevo) Les chefs de l’opposition de l’entité serbe de Bosnie ont réclamé formellement mercredi un nouveau comptage des bulletins de vote en affirmant que l’élection dimanche de Milorad Dodik à la présidence de la Republika Srpska était « frauduleuse ».

Milorad Dodik, un admirateur de Vladimir Poutine qui domine depuis longtemps la scène politique serbe du pays divisé selon des lignes de fracture ethniques, a été élu président de la Republika Srpska (RS), d’après des résultats officiels quasi complets.

Selon la Commission électorale et après dépouillement des voix dans 95 % des bureaux, le colosse de 63 ans qui a multiplié ces derniers mois les menaces sécessionnistes a battu la candidate de l’opposition Jelena Trivic, avec 48,3 % des suffrages contre 43,7 %.

« Nous avons constaté des centaines de cas d’irrégularités qui concernent plus de 65 000 voix contaminées », a affirmé Branislav Borenovic, président du Parti du progrès démocratique (PDP), la formation de Jelena Trivic.  

Dénonçant un « pillage odieux », il a remis une demande de nouveau décompte des voix en RS à la Commission électorale de Sarajevo.

« Je ne reconnaîtrai pas le vol de la volonté populaire », a renchéri Jelena Trivic, universitaire de 39 ans qui avait fait campagne en promettant de pourfendre la corruption, mais en jouant comme Milorad Dodik la carte du nationalisme serbe. Elle avait proclamé la victoire dès le soir des élections.  

La demande de recomptage est « irréaliste », a rétorqué l’intéressé devant la presse. « Notre victoire est irréprochable et nous attendons seulement la publication des résultats officiels » complets, a ajouté M. Dodik.  

Cette élection figurait parmi la multitude de scrutins organisés dimanche au niveau central, au niveau de la RS et de la fédération croato-musulmane, l’autre entité du fragile pays des Balkans.  

Ce système politique complexe et souvent paralysant est l’héritage des accords de paix de Dayton ayant mis fin en 1995 à la guerre intercommunautaire qui avait fait 100 000 morts.

Ces élections se sont soldées par la confirmation de l’emprise politique sur les institutions bosniennes des principales forces ethnonationalistes qui sont au pouvoir depuis des années.

Seule exception, la défaite du chef du SDA nationaliste, le principal parti bosniaque, qui briguait le fauteuil musulman à la présidence collégiale tripartite du pays. Bakir Izetbegovic, fils du premier président de la Bosnie indépendante, a été battu par le social-démocrate Denis Becirovic, soutenu par 11 partis.