(Kyrylivka) Une colonne de véhicules civils, mitraillée sur une route dans l’Est de l’Ukraine : près du village de Kyrylivka, à 70 km de Kharkiv, des journalistes de l’AFP ont découvert vendredi de nouvelles preuves de violence contre la population.

Au moins onze civils ont été retrouvés morts sur cette route, tués par balle, après le retrait des troupes russes d’une grande partie de la région de Kharkiv.  

Les militaires ukrainiens qui ont découvert les voitures et certains corps carbonisés accusent les forces russes d’avoir attaqué ce convoi désarmé. L’AFP n’était pas en mesure de confirmer cette affirmation de manière indépendante.

Un responsable séparatiste prorusse avait accusé jeudi depuis Moscou l’armée ukrainienne d’avoir tiré sur un convoi de civils dans la région, faisant selon lui trente morts, sans toutefois apporter plus de précisions.

Le convoi d’une dizaine de personnes que l’AFP a vu vendredi se trouvait sur une route qui part du village de Kyrylivka, à 70 km à l’est de Kharkiv, lorsqu’il fut pris pour cible.

PHOTO YASUYOSHI CHIBA, AGENCE FRANCE-PRESSE

Des soldats ukrainiens marchent dans le village de Kyrylivka récemment repris aux forces russes.

Sur place, les cadavres sont toujours là, à l’intérieur ou à côté de six véhicules. Un minibus est entièrement brûlé, quatre corps, dont celui de ce qui ressemble à être un enfant, gisant sur les sièges.

Non loin de là, une Lada couleur crème a son coffre ouvert, un homme portant un chapeau et un jeans bleu allongé à côté, près d’un sac d’affaires abandonné.

Sur le siège arrière d’une voiture bleue, une vieille dame est recroquevillée dans son manteau, comme si elle était endormie.

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Le corps d’une femme git à l’arrière d’un véhicule.

« Les voitures avançaient ensemble, comme un convoi de civils. On peut voir qu’il n’y a quasiment pas d’espace entre les voitures », a dit « Filya », un soldat ukrainien qui a accompagné l’AFP sur le site.

« On leur a tiré dessus, c’est sûr. Regardez les trous laissés par les balles », ajoute-t-il. « Ils ont mis le feu à une voiture et c’est impossible de distinguer les personnes à l’intérieur sans un expert », estime-t-il.

Contre-offensive

Début septembre, les troupes de Kyiv mènent une contre-offensive dans l’Est et le Sud de l’Ukraine, reprenant aux Russes de larges pans de territoires, surtout dans la région de Kharkiv, à laquelle appartient Kyrylivka.

Ici, les soldats russes ont quitté les lieux en début de semaine dernière, après que les Ukrainiens ont repris la ville stratégique de Koupiansk, un important centre ferroviaire utilisé par la Russie pendant son occupation des lieux pour réapprovisionner ses troupes.

Le lieu où la dizaine de civils ont été retrouvés se trouve d’ailleurs à un endroit où des combats entre Ukrainiens et Russes ont eu lieu.

Les experts de la police scientifique ne peuvent, de leur côté, pas se rendre sur le site car les bombardements continuent alentours par moments.

Un peu plus loin, de la fumée émerge d’un tank russe, détruit selon les Ukrainiens par un « drone kamikaze ». Trois autres tanks ont aussi été pris, plus ou moins intacts.

L’un d’entre eux, le puissant T-90A, semble avoir été abandonné, embourbé.

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Des soldats ukrainiens inspectent un char russe T-90A qui semble s’être embourbé.

« Fylia » et son unité semblent confiants de pouvoir le remettre en marche et l’utiliser.

Les Russes ont également laissé sur place un de leur frère d’armes, dont l’état ne permettait pas de dire s’il était encore vivant ou non.

Face aux difficultés militaires, les soldats russes se sont repliés plus à l’est, de l’autre côté de la rivière Oskil, mais les Ukrainiens ont depuis réussi à la franchir, marquant un succès de taille pour Kyiv.  

Pour endiguer cette dynamique ukrainienne, le président russe Vladimir Poutine a de son côté décrété une mobilisation partielle de centaines de milliers de réservistes civils.

Depuis le début de l’invasion, Kyiv a dénoncé des exactions des troupes de Moscou, des accusations systématiquement rejetées par la Russie.