Trois candidats montréalais sont en lice dans la circonscription Amérique du Nord et centrale aux élections législatives italiennes du dimanche 25 septembre. S’ils se rejoignent sur plusieurs points quant au manque de services pour leurs commettants, la question du flux migratoire en Italie les divise, a constaté La Presse.

À la veille d’une victoire probable de la coalition des partis de droite et d’extrême droite aux élections législatives de dimanche en Italie, l’épineuse question du flux migratoire est ce qui divise le plus les trois candidats montréalais, qui, représentant trois partis distincts, sollicitent l’appui des électeurs.

« L’extrême droite en Italie a formé une coalition de trois partis, et ce n’est pas agréable, affirme Vera Rosati, directrice de l’organisme Patronato Inca-Cgil dans la Petite Italie et candidate du Partito democratico, formation de gauche. On voit des jeunes dans le nord de l’Italie qui s’opposent aux immigrants et expriment du racisme. »

IMAGE FOURNIE PAR VERA ROSATI

Affiche de la campagne de Vera Rosati

Une façon de voir les choses que rejette Tony Zara, candidat de la coalition de droite menée par Giorgia Meloni (Fratelli d’Italia) et propriétaire de l’entreprise Accent Impression et du magazine Panoram Italia de Montréal.

« Les journalistes veulent faire croire que Giorgia Meloni est d’extrême droite, dit-il. C’est une femme qui aime beaucoup son pays, comme tout le monde. Je vais en Italie souvent, je prends le pouls du pays, et il n’est pas raciste, loin de là. Je viens d’un village de 5000 personnes, Guglionesi, dans la région du Molise, et on a 10 % de diversité dans la population. On n’a jamais vu ça auparavant. »

IMAGE FOURNIE PAR TONY ZARA

Tony Zara, candidat de la coalition pilotée par le parti Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni

On comprend que les Italiens d’outre-mer votent aux législatives et envoient des représentants à la Chambre des députés (Camera dei deputati) et au Sénat. Une circonscription englobe l’Amérique du Nord et l’Amérique centrale. Un poste de sénateur et deux de députés sont en jeu. Mme Rosati et M. Zara font partie des 19 candidats, répartis dans cinq formations politiques, se disputant les deux sièges de députés. Un troisième Montréalais, Antonio Vespa, du Mouvement associatif italien à l’étranger (MAIE), est quant à lui l’un des dix candidats au poste de sénateur.

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Antonio Vespa se présente sous la bannière du Mouvement associatif italien à l’étranger (MAIE).

« Je suis d’un parti d’ouvriers et on ne doit pas être contre les immigrants, dit cet ancien professeur d’électronique. Mais on ne peut pas non plus accepter des révolutionnaires. »

Les élections actuelles sont rendues nécessaires par la chute du gouvernement de Mario Draghi. Les sondages indiquent que les Italiens sont tentés par la coalition de Mme Meloni. Fratelli d’Italia fait alliance avec la Ligue de Matteo Salvani et Forza Italia de Silvio Berlusconi. On leur prédit de 45 à 55 % des sièges.

Giorgia Meloni, qui a commencé sa carrière avec le parti néofasciste Mouvement social italien, ratisse maintenant plus large sur sa droite. Mais elle se définit comme anti-immigration, anti-islam, opposée au mariage homosexuel, etc.

Or, depuis le début de l’année, 44 000 migrants arrivant de la rive sud de la Méditerranée ont débarqué en Italie, ce qui place le pays au premier rang du flux migratoire, selon un récent article du Monde.

La coalition de Mme Meloni veut sévèrement contrôler l’immigration. Tony Zara estime qu’il faut cesser de la démoniser pour cette raison. « Tous les pays du monde ont le droit de contrôler leur immigration, dit-il. M. [François] Legault parle de ça tous les jours. C’est quelque chose d’absolument normal. Et la plupart des migrants qui débarquent en Italie sont de passage. Ils essaient de se rendre en France, en Angleterre et en Allemagne. »

Vera Rosati se dit quant à elle sensible aux écueils qui se dressent devant les migrants. « Mes parents sont arrivés au Canada après la Seconde Guerre mondiale et savent ce qu’est l’extrême droite », dit-elle en évoquant le nom de Mussolini.

Convergences

Ailleurs, les trois candidats s’entendent pour dire que s’ils sont élus, ils vont consacrer beaucoup de temps à des dossiers qui préoccupent leurs commettants. Améliorer les services des consulats et de l’ambassade, réduire le taux de taxation pour les Italiens d’outre-mer possédant des propriétés en Italie et retrouver la double citoyenneté sont des thèmes récurrents chez eux.

Cela dit, il est loin d’être acquis que l’un ou l’autre des trois candidats montréalais sera élu. « J’ai fait une très courte campagne et ce sera très difficile de gagner, dit M. Zara. Parmi les candidats à la Camera, il y a Mme Fissoli (une Américaine) qui sollicite un troisième mandat. En plus, elle fait beaucoup de sollicitation par la poste. »

Tous trois, et d’autres membres de la communauté à qui La Presse a parlé, estiment aussi que le taux de participation est bas.

Tous les bulletins de vote de la circonscription Amérique du Nord et centrale devaient être déposés au plus tard le 22 septembre. Ils ont été envoyés en Italie pour le dépouillement suivant le scrutin de dimanche.

En savoir plus
  • 630
    En Italie, la Chambre des députés (Camera dei deputati) compte 630 sièges dans un système mixte attribuant 37,5 % des sièges à la majorité simple et 62,5 % à la proportionnelle.
    Source : corriere.it