(Londres) Onze députés conservateurs sont désormais en lice dimanche au Royaume-Uni pour succéder au premier ministre Boris Johnson, dans une campagne marquée par le débat sur la politique fiscale à mener et qui s’annonce particulièrement âpre.  

Dernier à se lancer dans la course dimanche soir, le député Rehman Chishti a annoncé sa candidature pour succéder au premier ministre britannique.

Peu avant, la cheffe de la diplomatie Liz Truss, 46 ans, avait également annoncé dimanche soir sa candidature pour succéder au premier ministre Boris Johnson. « Je me battrai dans cette élection en tant que conservatrice et gouvernerai en tant que conservatrice », a-t-elle déclaré, dans les colonnes du Daily Telegraph.

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Liz Truss

Plus tôt ce matin, la secrétaire d’État au Commerce international Penny Mordaunt, 49 ans, a elle aussi annoncé qu’elle se portait candidate. Cette ancienne réserviste de la Marine, qui a été la première femme à occuper le poste de ministre de la Défense en 2019, a insisté sur la nécessité que le débat public « tourne un peu moins autour du leader », pour se concentrer sur le « navire ».

Une volonté affichée de s’extraire de l’interminable succession de scandales qui ont émaillé le mandat de Boris Johnson, jusqu’à ne lui laisser d’autre choix que de démissionner jeudi, après une avalanche de départs dans son gouvernement.

Très ouverte, la compétition pour la tête du parti conservateur — et donc pour Downing Street, les Tories étant majoritaires à la Chambre des communes — laisse augurer un été électrique, avec son lot de révélations et de boules puantes.

Samedi soir, les anciens ministres Jeremy Hunt et Sajid Javid ont à leur tour annoncé leurs candidatures dans les colonnes du journal conservateur Sunday Telegraph.

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Jeremy Hunt

Sajid Javid a insisté sur son projet de diminution des impôts, se démarquant de la ligne de Rishi Sunak, qui figure parmi les favoris et veut attendre un assainissement des finances publiques avant d’envisager de s’engager sur une telle voie, dans un Royaume-Uni en proie à une inflation inédite depuis 40 ans.

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Sajid Javid

« Sans baisses d’impôts, nous n’aurons pas de croissance », a déclaré sur la BBC dimanche Sajid Javid, qui en annonçant sa démission mardi du gouvernement a lancé l’hémorragie — une soixantaine de départs en tout — qui s’est avérée fatale à Boris Johnson.

Sajid Javid, 52 ans, avait été suivi neuf minutes plus tard par le ministre des Finances Rishi Sunak, mais il a assuré qu’ils ne s’étaient pas concertés.

Très populaire pour les multiples mesures de soutien économique déployées au plus fort de la pandémie, Rishi Sunak, 42 ans, s’est un temps trouvé affaibli par la révélation du recours de sa richissime épouse à un avantageux dispositif fiscal. Premier poids lourd à s’être lancé, il semble avoir réussi à rebondir et bénéficie de nombreux soutiens de députés.

Mais il risque de subir les foudres du camp Johnson qui le soupçonne de trahison. Rishi Sunak n’avait apparemment pas prévenu le premier ministre avant de quitter le gouvernement.

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Rishi Sunak

Finalistes connus d’ici au 20 juillet

Autre candidat sérieux, Nadhim Zahawi : en tant que secrétaire d’État, il avait piloté le programme britannique de vaccination contre la COVID-19, avant de passer la semaine dernière du ministère de l’Éducation à celui des Finances.

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Nadhim Zahawi

Il voit son début de campagne plombé par la révélation dans la presse d’une enquête fiscale. « On est clairement en train de me salir », a-t-il riposté sur Sky News, assurant qu’il n’était pas au courant de cette enquête et avait « toujours » payé et déclaré ses impôts au Royaume-Uni.

Les autres concurrents, dont les chances de succès apparaissent bien moindres, sont le ministre des Transports Grant Shapps, le président de la commission des Affaires étrangères Tom Tugendhat, ainsi que la procureure générale — chargée de conseiller juridiquement le gouvernement — Suella Braverman, et l’ex-secrétaire d’État à l’Égalité Kemi Badenoch. Dernier arrivé dans la course, le député Rehman Chishti, quasi-inconnu du grand public.

Au total, les instances du parti anticipent une quinzaine de candidatures, un afflux qui laisse présager un relèvement des seuils en termes de parrainages ou de nombre de votes dans la première partie du processus.

Mais Geoffrey Clifton-Brown, trésorier du Comité 1922, chargé de l’organisation interne du parti, s’est dit « confiant » dimanche sur la radio LBC que les deux finalistes soient connus d’ici le 20 juillet.

Le calendrier plus précis est attendu lundi, pour une possible clôture des candidatures dès mardi, selon le Sunday Telegraph.

L’objectif évoqué est de faire en sorte que le vote final, ouvert uniquement aux adhérents du parti conservateur, permette de désigner le vainqueur d’ici au début du mois de septembre.