(Khimki) La basketteuse américaine Brittney Griner, jugée et détenue en Russie, a plaidé coupable jeudi de contrebande de drogue dans une affaire suivie de près par Washington dans un contexte de vives tensions avec Moscou.

« Je souhaite plaider coupable concernant toutes les accusations […] Mais je n’avais pas l’intention de violer la loi russe », a déclaré la joueuse devant un tribunal de Khimki, en banlieue de Moscou, selon une journaliste de l’AFP.

Le procès de Griner, emprisonnée en Russie depuis février après avoir été arrêtée en possession d’un liquide de vapoteuse à base de cannabis, est suivi de près par le président américain Joe Biden, qui a fait de sa libération une « priorité ».

Cette affaire s’inscrit dans un contexte de vives tensions bilatérales liées au conflit en Ukraine, nombre d’observateurs soupçonnant la Russie d’utiliser ce cas en vue d’un futur échange de prisonniers avec les États-Unis.

Avant le début de la deuxième audience du procès jeudi, la diplomatie russe avait dénoncé le « battage public » des dirigeants américains autour de son cas, estimant que cela « parasitait » l’affaire.  

« Ce qui peut aider […], c’est la prise en considération par la partie américaine de signaux qu’elle reçoit de Russie », a souligné le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov.

Mercredi, la Maison-Blanche avait assuré que faire libérer Brittney Griner était une « priorité » pour le président américain, qui a lu une lettre poignante de la sportive et s’est entretenu avec son épouse.

Avant cela, les plus hautes autorités à Washington avaient déclaré que la Russie détenait « injustement » la star de 2m03.

Lettre à Biden

La joueuse des Phoenix Mercury a été arrêtée en février à son arrivée à l’aéroport moscovite de Cheremetievo en possession, selon l’accusation, de vapoteuses et d’un liquide à base de cannabis.

« J’étais pressée en faisant mes bagages et les cartouches se sont retrouvées accidentellement dans mon sac », a déclaré jeudi la joueuse, qui sera interrogée par la cour lors de la prochaine audience, le 14 juillet.

Griner, qui risque jusqu’à 10 ans de prison, est arrivée jeudi à l’audience menottée et escortée par plusieurs agents, vêtue d’un t-shirt et d’un pantalon de survêtement rouges.  

Lors de son arrestation, elle se rendait en Russie pour y jouer pendant l’intersaison américaine, une pratique courante pour les basketteuses de WNBA qui gagnent souvent bien mieux leur vie à l’étranger que chez elles.

Au regard de la jurisprudence russe dans des affaires similaires, cette femme de 31 ans peut s’attendre à une sentence lourde, à purger dans une colonie pénitentiaire russe.

Détenue dans une prison russe, la basketteuse a écrit une lettre à Joe Biden déposée symboliquement à la Maison-Blanche lundi, le jour de la fête de l’indépendance des États-Unis, implorant le président de ne pas l’« oublier ».

« S’il vous plaît, ne nous oubliez pas, moi et les autres détenus américains », a écrit Brittney Griner, se disant « terrifiée à l’idée d’être ici pour toujours ».

Echanges de prisonniers

Alors que des observateurs anticipent déjà un échange de prisonniers à venir entre Griner et un Russe détenu aux États-Unis, M. Riabkov a appelé jeudi à attendre la fin du procès.

« Il est clair que toutes les procédures judiciaires ne sont pas terminées chez nous. Tant que ce n’est pas fait, on ne peut pas parler de la suite », a jugé le diplomate.

Mercredi, Joe Biden a appelé Cherelle Griner, la femme de la basketteuse, pour « la rassurer sur le fait qu’il s’efforce d’obtenir la libération de Brittney aussi vite que possible », selon la Maison-Blanche.

Américains et Russes s’accusent mutuellement de détenir leurs ressortissants respectifs à des fins politiques. Plusieurs échanges de prisonniers ont eu lieu dans le passé.  

En avril, l’ex-Marine américain Trevor Reed, condamné à neuf ans de prison en Russie pour des violences qu’il niait, a été échangé contre un pilote russe, Konstantin Iarochenko, incarcéré aux États-Unis depuis 2010 pour trafic de drogue.

D’autres échanges de ce type feraient l’objet de pourparlers.

Parmi les noms les plus évoqués, ceux de Paul Whelan, un Américain condamné à 16 ans de prison pour espionnage et qui clame son innocence, et du célèbre trafiquant d’armes russe Viktor Bout, arrêté en Thaïlande en 2008 et qui purge une peine de 25 ans de prison aux États-Unis.