(Paris) L’OTAN ne prévoit pas de déployer de renforts en Suède et en Finlande lorsque ces deux pays auront rejoint l’alliance atlantique, compte tenu de leur efficacité militaire, a déclaré mardi son secrétaire général adjoint, Mircea Geoana.

« Nous n’envisageons pas d’avoir une présence supplémentaire dans les deux pays, ils ont des forces nationales redoutables. Ils sont en capacité de se défendre », a-t-il déclaré dans un entretien téléphonique avec l’AFP.

Un tel déploiement avait été agité comme un chiffon rouge par le président russe Vladimir Poutine au moment de l’adhésion de ces deux pays décidée en urgence après l’agression russe contre l’Ukraine.

« Si la Finlande et la Suède le souhaitent, qu’elles y adhèrent. C’est leur affaire », mais « en cas de déploiement de contingents militaires et d’infrastructures militaires là-bas, nous serons obligés de répondre de manière symétrique et de créer les mêmes menaces », avait-il averti la semaine dernière.

« Nous n’avons pas l’intention actuellement d’avoir des bases de l’OTAN dans ces deux pays, car ce sont des pays de maturité militaire et stratégique très élevée », explique M. Geoana.

L’alliance atlantique a lancé mardi leur processus d’intégration, qui doit être validé par les parlements des trente pays membres. Avec un gros point d’interrogation sur la Turquie, qui conditionne son soutien à des inflexions de Stockholm et d’Helsinki vis-à-vis des militants kurdes combattus par Ankara.

« Nous avons l’espoir d’avoir le processus bouclé rapidement », a déclaré M. Geoana, se refusant à donner un calendrier plus précis.  

« Pas mal de pays ont déjà démarré la procédure, je crois que la ratification va suivre le même parcours » et être rapide, a-t-il déclaré, à l’unisson du secrétaire général Jens Stoltenberg qui a indiqué mardi compter « sur les alliés pour une ratification rapide ».

« Préoccupation active »

Interrogé sur le soutien de l’OTAN à l’Ukraine attaquée par la Russie depuis le 24 février, il a salué la mobilisation des pays membres et alliés, mais reconnaît une « préoccupation active » sur la pérennité du soutien matériel en armes et munitions.

Le « groupe de contact pour la défense de l’Ukraine », chargé d’examiner les besoins en équipements, « fonctionne très bien », a-t-il dit. Mais « il y a bien sûr le problème des stocks dans les pays alliés ».

Les capacités de plusieurs pays, notamment européens sont limitées et les appareils industriels pas forcement calibrés pour un effort soutenu, alors que la guerre semble s’inscrire dans le temps long.

« On espère que l’industrie pourra avoir la capacité de fournir les équipements nécessaires, c’est un sujet de préoccupation active, de concertation, de solution créative », a déclaré le responsable roumain.

« Il y a un effort d’augmentation de capacité et de créativité de la part des fournisseurs et cela marche très bien jusqu’à maintenant », a-t-il dit, assurant que les pays occidentaux étaient prêts à soutenir l’Ukraine dans la durée.

Lors du sommet de Madrid fin juin, tous étaient conscients de la nécessité « d’avoir de la patience stratégique », a-t-il dit, pointant « une unité de longue haleine dans le soutien de l’Ukraine » alors que certains observateurs mettent en garde contre une usure des opinions publiques et des capacités financières et industrielles des pays occidentaux.

Interrogé sur l’avenir de M. Stoltenberg à la tête de l’organisation, Mircea Geoana a indiqué que la question avait été reportée, tout en admettant que l’avenir de la direction de l’OTAN avait été abordé avant la guerre.  

« Le secrétaire général et toute son équipe assurons le suivi » de la situation provoquée par le conflit, a-t-il assuré.