(Madrid) Les États-Unis vont « renforcer leur positionnement militaire en Europe » afin que l’OTAN puisse « répondre à des menaces venant de toutes les directions », a dit mercredi à Madrid le président américain Joe Biden, sans donner un chiffre sur le nombre de soldats concernés.

Lors d’un sommet de l’Alliance militaire « qui marque l’Histoire », selon lui, il a annoncé une présence renforcée de militaires et de capacités américaines en Espagne, en Pologne, en Roumanie, dans les États baltes, au Royaume-Uni, en Allemagne et en Italie.

Ni la Maison-Blanche ni le Pentagone n’ont toutefois voulu dire, lors d’une courte conférence de presse mercredi matin, combien de militaires américains supplémentaires allaient être, au total, déployés.

« Nous sommes au rendez-vous » et « nous prouvons que l’OTAN est plus nécessaire que jamais », a encore déclaré le président américain, aux côtés du secrétaire général de l’organisation, Jens Stoltenberg.

Plus de 100 000

Il a rappelé que les États-Unis avaient déjà déployé cette année « 20 000 militaires supplémentaires en Europe pour renforcer nos lignes en réponse aux initiatives agressives de la Russie », ce qui a déjà porté à plus de 100 000 le nombre d’Américains stationnés sur le continent.

Mais il n’a pas précisé ce que les renforcements annoncés mercredi représenteraient globalement en termes d’effectifs. Le détail a été communiqué par Washington pour l’Allemagne (625 hommes ou femmes) et l’Italie (65).

Dans le détail, Joe Biden a annoncé que les États-Unis porteraient de 4 à 6 le nombre de leurs destroyers sur la base navale de Rota en Espagne.

La première puissance mondiale établira par ailleurs en Pologne « un quartier général permanent du 5e corps d’armée américain ». Il s’agira, a précisé le Pentagone, de la première présence américaine « permanente » sur le « flanc oriental » de l’OTAN.

Une responsable du Pentagone, Celeste Wallander, a assuré que cette annonce, ainsi que toutes les autres, était compatible avec un accord signé en 1997 entre l’OTAN et la Russie dans lequel l’alliance occidentale s’engageait à ne pas augmenter de manière significative le nombre d’unités combattantes stationnées de manière permanente en Europe centrale et de l’Est.

« Nous allons maintenir une brigade supplémentaire » qui sera basée en Roumanie, a également déclaré Joe Biden, évoquant le chiffre de 3000 combattants et 2000 personnels militaires autres.

Il a également annoncé des « déploiements supplémentaires dans les États baltes », le Pentagone précisant que cela concernerait aussi bien l’artillerie, l’aviation, la défense antiaérienne que la présence de troupes d’élite.

Aux portes de la Russie, les États-Unis promettent aussi « d’intensifier les exercices avec nos alliés » baltes, selon un communiqué du Pentagone.

« Otanisation de l’Europe »

Lors d’une courte allocution, Joe Biden a encore indiqué que Washington allait « envoyer deux escadrilles supplémentaires » d’avions de combat F-35 au Royaume-Uni, sur la base de Lakenheath dans l’ouest du pays, et « positionner des capacités supplémentaires de défense aérienne » en Allemagne et en Italie.

Le président russe Vladimir Poutine « voulait une “finlandisation” de l’Europe », c’est-à-dire une évolution des pays membres de l’Alliance vers la position de neutralité qui a été historiquement celle du pays nordique, mais il obtient au contraire une « “Otanisation” de l’Europe », s’est félicité Joe Biden.

La Finlande, historiquement non alignée, ainsi que la Suède, s’apprêtent en effet à rejoindre l’OTAN, après le levée mardi soir du veto de la Turquie, tandis que l’Alliance a affiché une unité presque sans faille depuis le début de la guerre en Ukraine.

Le Pentagone a précisé dépenser 3,8 milliards de dollars au titre de l’« Initiative de dissuasion en Europe » pour l’année budgétaire 2022, et avoir une prévision de 4,2 milliards de dollars pour l’exercice 2023.