La Russie s’en est prise à des civils ukrainiens, lundi, en bombardant un centre commercial « très fréquenté » de Krementchouk, dans le centre de l’Ukraine. Au moins 16 personnes ont perdu la vie et plus de 59 personnes ont été blessées dans cet « acte terroriste éhonté », selon le président Volodymyr Zelensky.

« La frappe russe d’aujourd’hui [lundi] sur un centre commercial de Krementchouk est l’un des actes terroristes les plus éhontés de l’histoire européenne. Une ville paisible, un centre commercial ordinaire [avec] à l’intérieur des femmes, des enfants, des civils ordinaires », a déclaré M. Zelensky dans une vidéo diffusée sur Telegram.

Selon lui, un millier de personnes se trouvaient à l’intérieur du bâtiment, mais « de nombreuses personnes ont réussi à s’en sortir ». « Seuls des terroristes absolument fous pourraient frapper une telle installation avec des missiles, et ils ne devraient pas avoir leur place sur Terre », a poursuivi M. Zelensky, évoquant une « frappe calculée ».

Dominique Arel, titulaire de la Chaire en études ukrainiennes à l’Université d’Ottawa, seconde.

C’était prémédité. On ne frappe pas un centre commercial comme ça en plein jour par accident. Ça fait partie de la stratégie de la terreur : de s’en prendre à la population civile.

Dominique Arel, titulaire de la Chaire en études ukrainiennes à l’Université d’Ottawa

Selon l’armée de l’air ukrainienne, le centre commercial a été atteint par des missiles antinavires Kh-22 tirés à partir de la région russe de Koursk, près de la frontière entre les deux pays. À la suite de l’attaque, un incendie s’est déclaré sur plus de 10 000 mètres carrés.

Les images de la scène montraient d’énormes panaches de fumée noire provenant du centre commercial englouti par les flammes, alors que les équipes d’urgence se précipitaient sur les lieux du drame. En soirée, des opérations de sauvetage étaient toujours en cours.

PHOTO EFREM LUKATSKY, ASSOCIATED PRESS

En soirée, des opérations de sauvetage étaient toujours en cours.

« Un crime de guerre » en plein sommet du G7

Les dirigeants du G7, réunis depuis dimanche en sommet dans le sud de l’Allemagne, ont condamné « l’attaque abominable » et ont assuré que Vladimir Poutine devra « rendre des comptes ». « Les attaques indiscriminées contre des civils innocents constituent un crime de guerre », ont-ils déclaré.

Selon les experts, cette attaque en plein sommet du G7 n’est pas un hasard. « Ça démontre que la Russie n’est pas prête à négocier la paix. Elle s’engage à continuer la guerre », dit Maria Popova, professeure au département de science politique de l’Université McGill.

Krementchouk, ville du centre de l’Ukraine, comptait environ 220 000 habitants avant la guerre et avait jusqu’à présent été épargnée par les bombardements.

Cette ville n’est évidemment pas importante d’un point de vue stratégique. Il s’agit plutôt d’une tentative de la Russie de signaler aux Ukrainiens qu’ils ne sont en sécurité nulle part, même dans le centre du pays.

Maria Popova, professeure au département de science politique de l’Université McGill

« Quand on a une cible civile comme ça qui est absolument loin du front et de toute infrastructure militaire, l’objectif, c’est la terreur. C’est pour briser la résistance ukrainienne », renchérit M. Arel.

Ce n’est pas la première fois que les frappes russes font un grand nombre de victimes civiles. En mars, un théâtre de Marioupol a été la cible d’une attaque de Moscou tuant environ 600 personnes. En avril, une frappe sur une gare dans l’est de Kramatorsk a fait au moins 59 morts.

PHOTO REUTERS

Le centre commercial de Krementchouk

La ministre des Affaires étrangères du Canada, Mélanie Joly, a vivement dénoncé l’attaque, affirmant que les forces russes ne resteraient pas impunies. De son côté, le président des États-Unis, Joe Biden, a qualifié l’attaque de « cruelle » et s’est engagé à poursuivre sa défense de l’Ukraine.

Par ailleurs, les dirigeants du G7 se sont engagés à soutenir l’Ukraine « aussi longtemps qu’il le faudra » et ont évoqué l’idée de mettre en place un prix plafond pour les exportations de pétrole de la Russie, afin de réduire les fonds disponibles au président Vladimir Poutine pour son invasion de l’Ukraine.

Huit morts à Lyssytchansk

Dans l’est du pays, au moins 8 civils ukrainiens ont été tués et 21 autres ont été blessés dans un bombardement russe, lundi, pendant qu’ils collectaient de l’eau à Lyssytchansk, a annoncé le gouverneur régional.

PHOTO BAGUS SARAGIH, AGENCE FRANCE-PRESSE

Des soldats ukrainiens dans un char en direction de Lyssytchansk, dimanche

« Les Russes ont tiré sur une foule de gens avec des lance-roquettes multiples Ouragan, au moment où les civils collectaient de l’eau à partir d’une citerne. Huit habitants de Lyssytchansk sont morts, 21 ont été emmenés à l’hôpital », a écrit sur Telegram Serguiï Gaïdaï, gouverneur de la région de Louhansk.

C’est la dernière grande ville restante à conquérir pour les Russes dans la région de Louhansk, l’une des deux provinces du bassin industriel du Donbass. M. Gaïdaï avait signalé la semaine dernière que les combats causaient des « destructions catastrophiques » à Lyssytchansk, qui comptait environ 100 000 habitants avant la guerre.

Avec l’Agence France-Presse et La Presse Canadienne

Ce qu’il faut savoir aujourd’hui

  • Le président ukrainien a déclaré que l'attaque perpétrée à Krementchouk était « éhontée » et « calculée ».
  • Les dirigeants du G7 se sont engagés à soutenir l’Ukraine « aussi longtemps qu’il le faudra » et songent à plafonner le prix du pétrole russe.
  • Au moins 8 civils ont aussi été tués pendant qu’ils collectaient de l’eau à Lyssytchansk.
  • Au moins 1 autre civil est mort lors de frappes contre des immeubles résidentiels à Sloviansk.
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