(Athènes) Des centaines de protestataires anti-fascistes ont manifesté mercredi matin à Athènes à l’ouverture du procès en appel de dizaines de cadres de l’ex-parti néonazi grec Aube Dorée, près de deux ans après leur condamnation à de lourdes peines de prison.

« Les nazis en prison pour toujours », scandaient les manifestants rassemblés devant la cour d’appel d’Athènes pour réclamer des peines plus sévères à l’encontre de la cinquantaine de membres d’Aube dorée jugés en appel.

« Ne réduisez PAS leurs peines », pouvait-on lire sur l’une des banderoles portées par les manifestants, ont constaté des journalistes de l’AFP.

L’audience à peine commencée a été interrompue par une alerte anonyme à la bombe et ajournée jusqu’au 6 juillet.

En octobre 2020, les principaux membres d’Aube Dorée - qui était autrefois le troisième parti politique de Grèce - avaient été condamnés à des peines allant jusqu’à 13 ans de prison pour le meurtre en 2013 du rappeur antifasciste Pavlos Fyssas et les passages à tabac sauvages de migrants et d’opposants politiques.  

À l’issue d’un procès de plus de cinq ans, le chef d’Aube dorée, Nikos Michaloliakos, et près de 60 autres membres avaient été reconnus coupables de participation à une organisation criminelle.

Les procureurs avaient cependant requis des peines plus sévères. Et à l’énoncé du verdict, un procureur de haut rang avait immédiatement interjeté appel, au motif que les peines prononcées étaient trop clémentes.  

Stelios Kostarelos avait alors estimé que les cadres d’Aube dorée devaient être condamnés au maximum de la peine prévue par la loi, soit 15 ans de prison.

En entrant dans la salle d’audience mercredi à l’ouverture du procès en appel, Magda Fyssas, la mère du rappeur assassiné, a confié qu’elle et sa famille espéraient « le même résultat (qu’en première instance) : une condamnation ».

« Ils ne peuvent pas s’en sortir aussi facilement. Leurs peines doivent être alourdies », a estimé de son côté un militant anti-raciste, Petros Konstantinou, devant des journalistes à l’extérieur du palais de justice.

Le principal accusé, Michaloliakos, en convalescence après avoir contracté le coronavirus, était absent au premier jour du procès en appel, qui devrait durer au moins un an.

Parmi les autres anciens cadres d’Aube dorée jugés figurent l’eurodéputé Ioannis Lagos et l’ancien porte-parole du parti Ilias Kasidiaris, qui a formé un nouveau groupe nationaliste.

Le procès fleuve de première instance, qui a duré plus de cinq ans, a été décrit comme l’un des plus importants de l’histoire politique grecque.

Aube dorée, organisation xénophobe et antisémite, était en marge de la politique grecque jusqu’à la crise de la dette du pays en 2010.  

Elle a capitalisé sur la colère du public contre l’immigration et les mesures d’austérité, entrant au parlement pour la première fois en 2012 avec un total de 18 sièges. Trois ans plus tard, Aube dorée était devenue la troisième force politique du pays.