Les parlementaires britanniques devraient recevoir jeudi le rapport d’une commission indépendante proposant de hausser à 21 ans l’âge légal pour fumer la cigarette. Cette mesure s’accompagnerait d’une hausse des taxes aux entreprises de tabac. Déjà, le sujet divise les membres du gouvernement de Boris Johnson.

La volonté de resserrer les lois existantes ferait suite aux résultats d’une étude montrant que l’usage du tabac a grimpé de 25 % (soit l’ajout de quelque 600 000 personnes) chez les moins de 30 ans durant la pandémie.

L’Angleterre compterait actuellement quelque 6 millions de fumeurs, soit moins de 15 % de la population, un taux qui se maintient depuis plus de 20 ans, rapporte un reportage du quotidien The Guardian.

Le rapport attendu jeudi a été commandé par le secrétaire d’État à la Santé, Sajid Javid, à Javed Khan, ancien dirigeant de Bernardos, organisme britannique voué à la protection de la jeunesse contre toutes les formes d’agressions, de violences et de maltraitements.

Or, l’initiative est loin de faire l’unanimité chez les membres et députés du Parti conservateur de Boris Johnson, allergiques aux hausses de taxes et à la multiplication des interventions de l’État dans la vie privée des gens.

D’ailleurs, en survivant à un vote de confiance tenu plus tôt cette semaine, Boris Johnson avait indiqué sa volonté de revenir à des valeurs plus conservatrices en réduisant le fardeau fiscal des contribuables.

En entrevue avec le journal City A.M., Simon Clark, directeur de Forest, organisme de défense des fumeurs, a estimé que les adultes devaient être traités comme des adultes. « Personne n’a besoin d’avoir 21 ans pour comprendre que la cigarette est potentiellement dangereuse pour la santé, a-t-il lancé. Si vous pouvez avoir légalement des relations sexuelles à 16 ans, conduire une voiture à 17 et acheter de l’alcool à 18, vous devriez avoir le droit de faire le choix, documenté, d’acheter du tabac à 18 ans. »

Au Québec

À la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac, la codirectrice et porte-parole Flory Doucas ne voit pas un rehaussement de l’âge comme la première piste à suivre. « Ce n’est pas une mesure que nous voyons comme prioritaire, dit-elle. Une mesure qui aurait plus d’impact serait une hausse de taxes, car il y a un écart important avec les autres provinces. »

Autrement dit, les cigarettes coûtent beaucoup moins cher au Québec qu’ailleurs au pays. Et la raison souvent évoquée pour éviter la taxation ne tient pas, dit Mme Doucas. « Nous avons des indicatifs du ministère des Finances montrant que le taux de contrebande est stable, autour de 11 %, depuis 2011, dit-elle. Le Québec est l’une des régions du Canada où l’on fait le plus la vie dure à la contrebande. »

Par ailleurs, le Québec n’a pas échappé à une augmentation de la consommation de cigarettes, indique une étude de l’Institut national de santé publique publiée en mars 2021. Dans le résumé de celle-ci, on lit : « Au Québec, comme ailleurs dans le monde, une plus grande proportion de fumeurs rapporte une augmentation de la consommation de cigarettes depuis la pandémie plutôt qu’une diminution. Certains groupes de fumeurs auraient davantage augmenté leur consommation : les jeunes adultes âgés de 18-24 ans, les personnes qui travaillent à temps partiel, et celles vivant dans un ménage incluant un enfant mineur. »

Par ailleurs, l’Enquête canadienne sur le tabac et la nicotine, de 2021, indique que « le vapotage pour réduire le stress pendant la pandémie de COVID-19 chez les personnes âgées de 15 à 19 ans, […] c’était la principale raison pour laquelle elles avaient vapoté (33 %) ».

Les grands moyens

L’âge légal pour fumer et pour vendre des produits du tabac dans le monde est variable d’un pays à l’autre.

Ainsi, aux États-Unis, l’âge requis pour vendre des produits du tabac est passé de 18 à 21 ans le 20 décembre 2019 à la suite d’une loi signée par le président Donald Trump.

En France, la vente est interdite à des mineurs (moins de 18 ans) comme dans une majorité des pays du monde.

En Nouvelle-Zélande, le gouvernement a pris les grands moyens pour non seulement diminuer la consommation de tabac, mais aussi la réduire à néant. À compter de 2027, le pays prévoit hausser l’âge légal d’un an chaque année, de sorte que les personnes qui auront 18 ans cette année-là ne pourront, en théorie, jamais fumer.

Appel à tous

Faut-il hausser à 21 ans l’âge légal pour fumer la cigarette ? En ce moment au Québec, rien dans la loi n’interdit aux mineurs de fumer, mais on ne peut acheter des cigarettes si on a moins de 18 ans.

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  • 18 ans
    Âge minimal requis pour l’achat de produits du tabac et de vapotage. Actuellement, il n’est pas dans l’intention du gouvernement de changer cet âge.
    Source : cabinet du ministre de la Santé et des Services sociaux