(Paris) Les partisans du président Emmanuel Macron sont arrivés majoritairement en tête dimanche chez les Français de l’étranger au premier tour des élections législatives, à l’exception de l’ancien premier ministre Manuel Valls, éliminé, devancé par l’alliance de gauche de la Nouvelle Union populaire, écologique et sociale (NUPES) qui s’est qualifiée dans 10 circonscriptions sur 11.

Après la présidentielle qui a vu la victoire le 24 avril de M. Macron, les Français sont appelés à renouveler la totalité de l’Assemblée nationale, la chambre basse du parlement, soit 577 députés, les 12 et 19 juin.  

Mais les Français résidant à l’étranger ont voté ce week-end pour le premier tour des élections législatives. Environ 1,4 million étaient inscrits sur les listes électorales hors du territoire national.

Dans la première circonscription (Amérique du Nord), Roland Lescure, député sortant partisan du président Emmanuel Macron, a battu ses adversaires, mais est talonné pour le deuxième tour par la candidate de la NUPES, Florence Roger.

« Si la dissidence et la division ont semé la confusion, je ne peux pas ignorer mon score et le fait que ma candidature n’a pas convaincu », a déclaré Manuel Valls sur Twitter, avant même l’annonce des résultats officiels, faisant allusion au député sortant et candidat dissident de la majorité présidentielle Stéphane Vojetta, arrivé deuxième.

Photo LUDOVIC MARIN, archives Agence France-Presse

L’ancien premier ministre socialiste de la France Manuel Valls

« Il m’appartient lucidement d’en tirer les conséquences. La vie est suffisamment belle pour tourner tranquillement les pages », a ajouté M. Valls, qui a dirigé le gouvernement sous la présidence du socialiste François Hollande entre 2014 et 2016.

Il a appelé à faire barrage au second tour au candidat de l’alliance de gauche, la NUPES, Renaud Le Berre, arrivé en tête dans cette cinquième circonscription des Français de l’étranger, qui regroupe l’Espagne, le Portugal, Monaco et Andorre et compte environ 120 000 électeurs inscrits.

Cet échec constitue un nouveau revers pour cet ancien poids lourd du Parti socialiste qui avait quitté la vie politique française il y a quatre ans pour tenter, en vain, de conquérir en 2019 la mairie de Barcelone, sa ville natale.

Persuadé de pouvoir « gagner » ces élections municipales, après son échec en 2017 aux élections primaires socialistes pour la présidentielle française, il n’était arrivé que quatrième avec environ 13 % des voix derrière le candidat indépendantiste catalan et la maire sortante de gauche Ada Colau qui a été reconduite.

L’annonce le 5 mai de l’investiture de l’ex-premier ministre avait fait l’effet d’une bombe dans la cinquième circonscription des Français de l’étranger, surtout chez les Français résidant en Espagne.

Mobilisés

M. Macron et ses alliés centristes sont cependant sous la pression d’une alliance de partis de gauche regroupée derrière Jean-Luc Mélenchon.

À 70 ans, le chef de file de la gauche radicale, arrivé troisième à la présidentielle, s’efforce de transformer le scrutin en « troisième tour ».

La NUPES associe les socialistes, les communistes, les écologistes et le parti de M. Mélenchon, la France insoumise.

« En dépit des bogues et de toutes les embûches et absence de contrôle des résultats, les candidats NUPES sont présents dans 10 cas sur 11 au second tour (+5 par rapport à 2017) » s’est félicité sur Twitter M. Mélenchon, et la NUPES est en tête dans deux d’entre elles. Mais elle est absente dans la 8e du pourtour méditerranéen, dont l’Italie et Israël, où le député sortant UDI (centre droit) Meyer Habib a pris la première place.  

Dans la 6e circonscription (Suisse), le député sortant Joachim Son-Forget, élu en 2017 pour LREM (le parti présidentiel) avant de flirter avec l’extrême droite, a été éliminé, au profit de Marc Ferracci, un économiste proche d’Emmanuel Macron.

Les Polynésiens, qui votaient dès samedi, ont eux aussi placé en tête les candidates investies par la majorité présidentielle dans la première (Nicole Bouteau, 41,9 %) et la deuxième circonscriptions (Tepuaraurii Teriitahi, 33,2 %). Dans la troisième, c’est en revanche le sortant Moetai Brotherson, présent aux côtés des communistes à l’Assemblée, qui est arrivé en tête (34,2 %), deux points devant le candidat macroniste.

Les Français de l’étranger semblent s’être davantage mobilisés qu’en 2017 (19,1 %), selon des chiffres provisoires.

Plus encore qu’à la présidentielle, l’abstention est attendue à un niveau record pour le premier tour le 12 juin (52 ou 53 % selon les sondages contre 51,3 % en 2017).

À l’extrême droite, Marine Le Pen, jusque-là très discrète, a assuré dimanche qu’il était « encore temps d’empêcher Macron de disposer de tous les pouvoirs » et de « vaincre la malédiction d’un mode de scrutin injuste, qui maintient en place un système vermoulu », appelant ses partisans à lui « donner 100 à 150 députés ».