(Paris) Un grand nombre d’armes envoyées en Ukraine finiront par tomber entre les mains de criminels en Europe et au-delà, s’est inquiété mercredi le directeur général d’Interpol, exhortant les États à s’intéresser au traçage de ces armes.

« La grande disponibilité d’armes pendant le conflit actuel entraînera la prolifération d’armes illicites dans la phase post-conflit », a déclaré l’Allemand Jürgen Stock devant l’Association de la presse anglo-américaine à Paris, où il s’était rendu depuis Lyon, le siège d’Interpol.

« Les criminels sont déjà en train, en ce moment même, de se concentrer sur cela », a-t-il poursuivi, voyant dans l’Union européenne « une destination probable pour ces armes, car les prix de ces armes à feu sur le marché noir sont nettement plus élevés en Europe, notamment dans les pays scandinaves ».

Les alliés occidentaux de Kyiv ont expédié des tonnes de matériel militaire à l’Ukraine, qui tente depuis plus de trois mois de repousser les forces russes, celles-ci contrôlant déjà des pans entiers de son territoire dans l’Est et le Sud.

Mardi, le président américain Joe Biden a annoncé que les États-Unis allaient « fournir aux Ukrainiens des systèmes de missile plus avancés et des munitions qui leur permettront de toucher plus précisément des objectifs clés sur le champ de bataille en Ukraine ».

Mais « même les armes qui sont utilisées par les militaires, les armes lourdes, seront disponibles sur le marché criminel », a averti M. Stock.

« Nous encourageons déjà les pays membres (d’Interpol, NDLR) –nous avons une base de données sur le partage d’informations sur les armes - à utiliser ces bases de données parce qu’aucune région ou pays ne peut s’en occuper seul », a-t-il poursuivi.

« Les criminels dont je parle opèrent au niveau mondial, donc ces armes seront échangées à travers les continents », a encore commenté le directeur général d’Interpol.

Le conflit en Ukraine a également provoqué un pic de « vols d’engrais à grande échelle ainsi qu’une augmentation des produits agrochimiques contrefaits, car ces produits ont pris de la valeur », a-t-il souligné, ainsi qu’une « hausse des vols de carburant en Europe » pour la même raison.