(Nations unies) Le Conseil de sécurité de l’ONU a approuvé vendredi une déclaration unanime – sa première depuis l’invasion russe de l’Ukraine le 24 février – apportant un « ferme soutien » au secrétaire général de l’organisation « dans la recherche d’une solution pacifique » à la guerre.

Rédigée par la Norvège et le Mexique, la déclaration ne va pas jusqu’à soutenir expressément une médiation d’Antonio Guterres (qui a proposé ses bons offices pour cela), comme le prévoyait une première version du texte négocié depuis jeudi.

Interrogé pour savoir ce qui a conduit la Russie, qui bloque le Conseil de sécurité depuis février, à approuver ce texte, un diplomate s’exprimant sous couvert d’anonymat a répondu à l’AFP : « l’important en a été retiré ».

La déclaration représente cependant la première manifestation d’unité du Conseil de sécurité depuis le début de la guerre. Fin février, Moscou avait mis son veto à une résolution réclamant à la Russie de rapatrier son armée sur le sol russe.  

« Aujourd’hui, pour la première fois, le Conseil de sécurité s’est prononcé d’une seule voix pour la paix en Ukraine », s’est félicité dans un communiqué le chef de l’ONU. « Le monde doit s’unir pour faire taire les armes et défendre les valeurs de la Charte des Nations unies » et « je continuerai à ne ménager aucun effort pour sauver des vies, réduire les souffrances et retrouver le chemin de la paix », a ajouté Antonio Guterres.

Pour l’ambassadeur mexicain à l’ONU, Juan Ramon de la Fuente, ce « tout premier pas initial […] pointe dans la bonne direction ». « Il est encourageant de voir que la diplomatie prend sa place au Conseil », a-t-il estimé, en faisant valoir aussi, à propos des efforts de paix, que « la diplomatie discrète est parfois beaucoup plus efficace que beaucoup de déclarations ».

« C’est la première décision unanime prise par le Conseil depuis le début de cette horrible guerre en Ukraine », s’est aussi félicitée son homologue norvégienne, Mona Juul. « Les besoins et les souffrances du peuple ukrainien nécessitent un effort maximal des Nations unies, tant du Conseil que du secrétaire général et du système des Nations unies en tant que tel », a-t-elle ajouté.

« Groupe de contact humanitaire »

Très court, le texte adopté indique que « le Conseil de sécurité exprime sa profonde préoccupation concernant le maintien de la paix et de la sécurité en Ukraine ». Les 15 membres du Conseil rappellent aussi « que tous les États membres se sont engagés, en vertu de la Charte des Nations unies, à l’obligation de régler leurs différends internationaux par des moyens pacifiques ».  

Marginalisée depuis le début du conflit, l’ONU, dont la mission est de garantir la paix dans le monde, ne s’est pas imposée à ce jour comme un médiateur possible pour un règlement pacifique du conflit. Elle intervient en Ukraine et dans les pays voisins dans un rôle jusqu’ici principalement humanitaire.

Antonio Guterres s’est rendu récemment et pour la première fois depuis le début du conflit en Russie et en Ukraine, une double visite qui lui a permis d’obtenir des évacuations de plusieurs centaines de civils de la ville portuaire ukrainienne de Marioupol.  

L’ONU a annoncé vendredi que son chef retournera lundi et mardi dans la région avec une visite en Moldavie qui accueille près d’un demi-million de réfugiés ukrainiens. Lors de son séjour, il se rendra dans un centre de réfugiés géré avec le concours de l’ONU au profit notamment de femmes, d’enfants et de jeunes.

Depuis la mi-avril, l’ONU essaie de créer un « groupe de contact humanitaire » qui réunirait autour d’une même table l’Ukraine, la Russie et les Nations unies. En vain jusqu’à présent. « Nous continuons d’explorer les moyens de réunir les parties au conflit dans un format durable et cohérent » pour « discuter des questions humanitaires par le biais d’un groupe de contact humanitaire », a indiqué vendredi le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric.

Le secrétaire général adjoint des Nations unies pour les Affaires humanitaires, Martin Griffiths, se rendra lundi en Turquie « pour discuter de cette question avec les autorités turques », a-t-il ajouté. La Turquie a réuni en mars des négociateurs ukrainiens et russes et l’ONU espérait encore récemment que ce pays pourrait accueillir le « groupe de contact humanitaire » qu’elle essaie de créer.