Des dizaines de civils ont à nouveau pu respirer l’air frais après avoir été évacués du complexe sidérurgique d’Azovstal, où ils étaient piégés avec des militaires ukrainiens résistant encore aux Russes. Et la visite de la présidente de la Chambre des représentants des États-Unis, Nancy Pelosi, a causé la surprise en Ukraine dimanche.

Une centaine de civils évacués de Marioupol

PHOTO ALEXANDER ERMOCHENKO, REUTERS

Valeria (à droite), une employée du complexe industriel Azovstal, à Marioupol, serre sa sœur dans ses bras, alors qu’elles se retrouvent dans un centre d’hébergement temporaire.

L’Organisation des Nations unies (ONU) a confirmé dimanche que l’opération d’évacuation des civils piégés dans l’usine sidérurgique d’Azovstal, entreprise samedi, était toujours en cours. La Russie, l’Ukraine et le Comité international de la Croix-Rouge sont impliqués dans l’opération.

C’est la première fois, après de multiples tentatives avortées malgré l’intervention de responsables étrangers et du pape François, que des civils retranchés dans le complexe d’Azovstal – dernière poche de résistance ukrainienne écrasée sous les bombes russes – peuvent en sortir.

« Il semble que cette évacuation est le résultat d’efforts diplomatiques de la part du secrétaire général de l’ONU, António Guterres, qui est allé à Moscou la semaine dernière », estime Maria Popova, professeure de science politique à l’Université McGill spécialisée en post-soviétie. « Ça signifie que [Vladimir] Poutine n’a pas abandonné à 100 % l’idée d’une coopération avec la communauté internationale. »

Une nouvelle qui peut être vue comme une victoire, quoique mince, selon Mme Popova.

En effet, à l’exception du complexe d’Azovstal, la ville de Marioupol, qui a été assiégée et bombardée pendant des semaines, est désormais sous contrôle russe. « C’est une démonstration claire que la guerre de la Russie en est une de conquête, affirme Maria Popova. Dès qu’ils prennent un territoire, ils l’occupent : ils mettent des drapeaux sur les édifices, ils prévoient de changer la monnaie : c’est une conquête. »

Nancy Pelosi en visite surprise à Kyiv

PHOTO FOURNIE PAR L’AGENCE FRANCE-PRESSE

Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants des États-Unis, serrant la main du président de l’Ukraine, Volodymyr Zelensky, lors de son arrivée à Kyiv dimanche

La présidente de la Chambre des représentants des États-Unis, Nancy Pelosi, a suscité la surprise dimanche lors d’une visite au président ukrainien, Volodymyr Zelensky.

« Notre délégation s’est rendue à Kyiv pour envoyer un message sans équivoque et retentissant au monde entier : les États-Unis sont aux côtés de l’Ukraine », a souligné la délégation du Congrès, garant de l’aide américaine qui va notamment passer par un programme Lend-Lease (Prêt-Bail), semblable à celui mis en place par les États-Unis pour ses alliés pendant la Seconde Guerre mondiale.

Cette rencontre suit, à une semaine près, celle du chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, et du secrétaire à la Défense, Lloyd Austin, dimanche dernier, qui avait alors promis 700 millions d’aide additionnelle pour l’Ukraine.

« Ces visites ont pour but de rassurer les Américains, de façon large, et l’Ukraine aussi », détaille Paul Lenze Jr., professeur de politique et d’affaires internationales à la Northern Arizona University et membre de la chaire Raoul-Dandurand. « Ça montre aux Russes que les Américains sont là à long terme. »

Selon Maria Popova, le président Volodymyr Zelensky a réussi à accumuler, au cours des deux derniers mois, énormément de pouvoir : « Il a réussi à convaincre l’Occident que l’Ukraine mérite son soutien », observe-t-elle.

Violation de l’espace aérien suédois et danois par la Russie

Les ambassadeurs de Russie en Suède et au Danemark vont être convoqués après la violation, vendredi, de l’espace aérien de ces deux pays par un avion de reconnaissance russe, ont indiqué dimanche les diplomaties scandinaves.

Probablement une « démonstration de force par la Russie. Une menace subtile et implicite », analyse Maria Popova.

Le Danemark est membre de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), contrairement à la Suède, pays non aligné où un débat est cependant en cours et une possible candidature, envisagée.

Le ministre suédois de la Défense a toutefois dit n’avoir « aucune preuve » que l’incident était lié aux discussions actuelles sur la potentielle adhésion suédoise à l’alliance nord-atlantique.

Alors que la Finlande réfléchit également à une candidature à l’entrée dans l’OTAN, la Russie a déjà prévenu que Stockholm, comme Helsinki, doit s’attendre à des « conséquences » tant dans les « relations bilatérales » avec la Russie que « pour l’architecture sécuritaire européenne dans son ensemble ».

Une démonstration de force par la Russie ne risque pas de dissuader ces pays scandinaves de se joindre à l’OTAN, selon Mme Popova. « Ils sont déjà préoccupés par l’attitude agressive de leur voisin [la Russie], donc au contraire, ça pourrait les rendre encore plus déterminés. »

L’Allemagne se sèvre de sa dépendance énergétique à la Russie

La dépendance de l’Allemagne envers les importations de pétrole russe est descendue ces dernières semaines à 12 %, contre 35 % auparavant. Celles liées au charbon sont de leur côté passées à 8 %, contre 50 % jusqu’ici, a annoncé le ministère de l’Économie allemand dans un rapport. En revanche, la dépendance à l’égard du gaz russe reste importante, même si elle a aussi baissé, à 35 % contre 55 %.

« Il semble que le gouvernement allemand soit en train de changer sa politique de longue date de coopération avec la Russie au niveau énergétique, souligne Maria Popova. Et c’est parce que l’opinion publique exige d’en faire plus pour l’Ukraine. »

À Bruxelles, des sources européennes ont indiqué que l’Union européenne finalise un arrêt progressif de ses achats de pétrole et de produits pétroliers à la Russie pour sanctionner la guerre en Ukraine et va annoncer cette semaine un calendrier et de nouvelles mesures.

D’autres nouvelles du jour

  • Des trolls prorusses mènent une guerre de l’information depuis une ancienne usine de Saint-Pétersbourg, d’où ils ciblent des dirigeants occidentaux et relaient la propagande du Kremlin, a rapporté le gouvernement britannique.
  • Le pape François a renouvelé son appel à l’ouverture de couloirs humanitaires pour évacuer les civils de Marioupol.

Avec les informations de l’Agence France-Presse