(Paris) Le leader de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon, arrivé troisième à la présidentielle française, a appelé samedi les partis de gauche avec lesquels il a engagé des négociations en vue des législatives à sortir de « la culture permanente de la défaite », regrettant qu’ils se « laissent absorber par leurs enjeux internes ».

Fort des 21,95 % des voix de son candidat au premier tour de l’élection présidentielle, juste derrière la candidate d’extrême droite Marine Le Pen (23,15 %) finalement défaite au second tour par le président sortant, le centriste Emmanuel Macron, le parti de M. Mélenchon, La France insoumise (LFI), a lancé des discussions bilatérales avec les autres partis de gauche afin de trouver un accord pour les législatives.

M. Mélenchon ambitionne d’obtenir la majorité lors de ces élections prévues les 12 et 19 juin, ce qui lui permettrait d’imposer une cohabitation au président Macron et de devenir chef du gouvernement.

Mais les tractations – censées s’achever dimanche – avec les écologistes d’EELV, le parti communiste (PCF), le Parti socialiste (PS) et le Nouveau parti anticapitaliste (NPA), tous en dessous de 5 %, connaissent des accélérations et des blocages successifs depuis 10 jours. 

« Nous leur proposons une bataille pour gagner. C’est fédérateur, non ? Il faut qu’ils sortent de la “lose” », et « assument la volonté de gagner », s’exclame samedi Jean-Luc Mélenchon dans le Journal du dimanche.

« Pour certains de nos partenaires, gagner, c’est une chimère. Ils ont la culture permanente de la défaite. Alors ils se laissent absorber par les enjeux internes ».

Vendredi soir, alors qu’un accord semblait se dessiner avec le PS et EELV, les socialistes ont suspendu les échanges, intimant à LFI de « rompre avec toute logique hégémonique et accepter la pluralité ».

Certains ténors du PS et un courant minoritaire de ce parti traditionnel autrefois dominant à gauche, mais dont la candidate Anne Hidalgo a été laminée à la présidentielle, refusent ce rapprochement historique avec LFI.  

La direction du PS a souscrit dans les grandes lignes à des « marqueurs » sociaux du programme de LFI (salaire minimum, âge de la retraite…), mais les points de divergence demeurent notamment sur l’international, le PS refusant la « désobéissance aux traités européens » ou la position « non alignée » sur les États-Unis concernant l’Ukraine, prônée par LFI.  

Jean-Luc Mélenchon se veut néanmoins « optimiste » sur la possibilité d’arriver à un accord tout en mettant en garde en cas d’échec : « Les gens n’accepteront pas deux fois de se faire voler la victoire par ceux qui refuseront de construire cette nouvelle majorité ».  

La convention de désignation des candidats de l’Union populaire, la label commun que M. Mélenchon propose à la gauche, doit avoir lieu le 7 mai.