(Kyiv) « Nous vivons peut-être nos derniers jours, voire nos dernières heures », a affirmé un officier ukrainien assiégé à Marioupol en appelant la communauté internationale à procéder à leur « extraction », dans un message publié sur Facebook mercredi.

« L’ennemi est dix fois plus nombreux que nous », a déclaré Serguiy Volyna, un commandant de la 36e brigade de la marine nationale, retranchée dans le vaste complexe sidérurgique d’Azovstal à Marioupol (sud-est de l’Ukraine), assiégé par les forces russes.

« Nous appelons et supplions tous les dirigeants du monde de nous aider. Nous leur demandons d’utiliser la procédure d’extraction et de nous emmener sur le territoire d’un pays tiers », a-t-il ajouté.

Selon le commandant Volyna, l’armée russe a « l’avantage dans les airs, en artillerie, en forces terrestres, en équipement et en chars ».

« Nous défendons seulement un point – l’usine Azovstal– où en plus des militaires se trouvent aussi des civils devenus victimes de cette guerre », a-t-il poursuivi.

La Russie a appelé mardi les derniers défenseurs de la ville de Marioupol à cesser leur « résistance insensée », promettant « la vie sauve » aux combattants ukrainiens retranchés dans le complexe d’Azovstal s’ils se rendent.

Le port ukrainien de Marioupol, assiégé par les troupes russes depuis début mars, est d’ailleurs toujours le théâtre de combats de rue, a affirmé mardi le gouverneur ukrainien de la région dans une interview à CNN.

« Des combats sont en cours à Marioupol. Ce sont des combats de rue et pas seulement avec des armes légères, mais aussi des batailles de chars dans les rues de la ville », a déclaré Pavlo Kyrylenko, gouverneur de la région de Donetsk.

Ces informations étaient invérifiables de source indépendante.

Les zones où sont concentrés les combattants ukrainiens, à commencer par la zone du complexe métallurgique Azovstal, « sont soumises à de lourds bombardements, mais les défenses tiennent le coup », a poursuivi M. Kyrylenko.

« Il y a certains quartiers où des combats de rues continuent », a-t-il ajouté, sans donner plus de précisions : « On ne peut pas dire que les Russes les contrôlent ».

Des responsables ukrainiens ont par ailleurs affirmé que l’armée russe avait frappé mardi un hôpital proche d’Azovstal avec « des bombes très lourdes », leurs versions divergeant quant à d’éventuelles victimes.

L’homme d’affaires et député local Serguiï Tarouta a dans un premier temps annoncé que 300 personnes s’y trouvaient, mais un conseiller du maire de Marioupol, Petro Andriouchtchenko, a ensuite affirmé que « personne ne se cache depuis longtemps dans la zone autour d’Azovstal, en particulier dans l’hôpital déjà détruit ».

Sviatoslav Palamar, un commandant adjoint du régiment nationaliste Azov qui regroupe l’essentiel des défenseurs ukrainiens, a de son côté affirmé à la télévision que « l’usine Azovstal a été bombardée et presque entièrement détruite ».

La semaine dernière, le ministère russe de la Défense a affirmé qu’un millier de soldats ukrainiens s’étaient rendus à Marioupol. Mais plusieurs centaines d’autres, selon les séparatistes prorusses, sont toujours retranchés dans l’immense usine d’Azovstal où ils mènent une résistance acharnée.

« Au moins 1000 civils, la plupart des femmes, des enfants et des personnes âgées » sont également retranchés dans les abris souterrains de l’usine, a affirmé mardi le conseil municipal de Marioupol sur Telegram.

La Russie a appelé mardi toute l’armée ukrainienne à « déposer les armes » et les derniers défenseurs de Marioupol à cesser leur « résistance insensée », 24 heures après leur avoir lancé un ultimatum resté lettre morte.

La prise de Marioupol permettrait aux Russes de consolider leurs gains territoriaux côtiers le long de la mer d’Azov en reliant la région du Donbass, en partie contrôlée par les séparatistes prorusses, à la Crimée annexée par Moscou en 2014.