(Paris) Emmanuel Macron promet un quinquennat sous le sceau de l’écologie ; Marine Le Pen assure qu’elle défendra les « plus vulnérables » : les deux adversaires de la présidentielle française ont poursuivi samedi leur offensive vers l’électorat de gauche, arbitre de l’élection le 24 avril.

À huit jours du scrutin, le président sortant et sa rivale d’extrême droite poursuivaient leur campagne sans répit, chacun se posant en rassembleur de la nation.

Au même moment, plusieurs centaines de personnes à Paris et dans une trentaine de villes manifestaient contre l’extrême droite, à un moment où Marine le Pen n’a jamais paru si proche de l’Élysée, même si les derniers sondages creusent l’écart, donnant Emmanuel Macron vainqueur à 55,5 %.

Photo Thibault Camus, Associated Press

La candidate à la présidentielle française, Marine Le Pen

Les autorités attendaient environ 15 000 manifestants dans toute la France, pour ces rassemblements à l’appel de plusieurs organisations et syndicats.

« Nos inquiétudes, c’est que l’extrême droite arrive au pouvoir […], nous ne voulons pas de Marine Le Pen à l’Élysée. Nous sommes là pour dire “ utilisez votre bulletin de vote pour l’empêcher d’arriver au pouvoir ”, on ne dit pas “ votez Macron ”, mais ça revient à ça », a insisté dans la manifestation parisienne François Sauterey coprésident du Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap).

Promesses écologiques de Macron

En rassemblement à Marseille, la deuxième ville de France, le président candidat s’est directement adressé aux électeurs de gauche, en particulier les écologistes, en promettant, s’il était réélu, que son premier ministre serait directement chargé de la planification écologique.

« La politique que je mènerai dans les cinq ans à venir sera écologique ou ne sera pas », a-t-il lancé lors d’un meeting dans les jardins du Pharo, sous un soleil éclatant.

Devant quelques milliers de personnes, il a promis un « renouvellement complet » de sa politique, disant avoir « entendu » le message du premier tour où le leader de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon, chantre de la planification écologique, a failli créer la surprise et accéder au second tour avec 22 % des voix, derrière Marine Le Pen avec 23,1 %.

Objectif de cette proposition : aller « deux fois plus vite » pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Alors que le thème de la lutte contre le dérèglement climatique a été quasiment absent de toute la campagne de premier tour, M. Macron a dit vouloir donner une « perspective nouvelle » pour les années à venir, et a défendu son bilan : « nous n’avons pas rien fait durant ces cinq années », a-t-il martelé, tout en accusant son adversaire d’être « climatosceptique ».

Le choix est clair : l’extrême droite est un projet climatosceptique qui veut détruire les éoliennes.

Emmanuel Macron

« Mère de famille »

Au même moment, la candidate d’extrême droite était en immersion dans une petite bourgade rurale du nord ouest, Saint Rémy-sur-Avre. En terrain conquis dans cette commune de 3900 habitants où elle a recueilli 37,2 % des voix, Mme Le Pen a promis de diriger la France comme une « mère de famille » et de défendre « les plus vulnérables ».

« Je serai votre voix », a-t-elle promis à des habitants venus lui exprimer leurs doléances : charges trop lourdes, manque d’aides, absence d’équipements pour handicapés…

« Si le peuple vote, le peuple gagne », a lancé Mme Le Pen, toujours inquiète d’une abstention de ses électeurs.

Évoquant les manifestations contre l’extrême droite et les multiples tribunes appelant à voter Emmanuel Macron, Mme Le Pen a fustigé une « agitation brutale » et « assez peu respectueuse de la démocratie ».

D’après elle, le « système » que symbolise à ses yeux Emmanuel Macron et ses soutiens « s’inquiète car il voit que le peuple a envie de reprendre le pouvoir ».

Samedi soir seront connus les premiers résultats d’une consultation lancée par Jean-Luc Mélenchon auprès de ses quelques 310 000 soutiens pour le second tour. Abstention, vote blanc ou vote Emmanuel Macron ? Au soir du premier tour, le leader de la gauche radicale a appelé à ne pas « donner une seule voix à Mme Le Pen ».