(Strasbourg) Devant plusieurs milliers de personnes, des partisans mais aussi des opposants, Emmanuel Macron a tenu mardi une réunion d’une petite heure devant la cathédrale de Strasbourg, répondant du tac au tac à des interruptions hostiles, notamment sur le climat et l’ISF.

Alors que ses partisans l’acclamaient au cri de « cinq ans de plus », des pro- « gilets jaunes », ou pro-Mélenchon ou encore des défenseurs du climat mêlés à la foule l’ont pris à partie à de multiples reprises.

À chaque fois, Emmanuel Macron a suspendu son discours sur l’Europe pour répondre à leurs accusations ou slogans, défendant son bilan et ses projets. Le service d’ordre a évacué quelques groupes.

« Macron rend l’ISF », l’a hué un petit groupe, vite éloigné par les vigiles. Mais Emmanuel Macron, qui ne s’est pas laissé déstabiliser, a répliqué : « l’ISF, il est pas dans ma poche, cela a permis de créer des emplois ! »

À des militants Insoumis qui criaient le nom de leur champion, il a lancé : « Mélenchon ? Oui, vous avez pu voter la première fois ! C’est le principe de la démocratie. Je demande à tous le même respect ! ».  

À un autre qui hurlait « vive le roi de la République », un peu étonné, il a rétorqué : « vous pouvez le faire, c’est ça la différence entre vivre en France et vivre en Hongrie ».

Apercevant des drapeaux bleu et jaune, il s’est aussi écrié, très applaudi : « merci de faire flotter ici le drapeau de l’Ukraine ». Puis loué « l’Europe de la Culture et des Erasmus », mais aussi l’Europe qui a fourni la France en vaccin ou qui protège les Droits de l’Homme.

« Et le climat ? », l’a soudain questionnée une jeune étudiante de 24 ans, Théa, qui a voté Yannick Jadot au premier tour. « Il a dit que les étudiants vivaient bien en France, mais c’est faux, ça fait 10 ans que le niveau de bourse n’a pas été revu », a-t-elle dit.

« J’entends les préoccupations, je les partage », mais « je veux tirer les gens avec moi » sur ce sujet. « On a réduit deux fois plus vite les gaz à effet de serre » que durant le précédent quinquennat. « Mais il faut maintenant aller beaucoup plus vite ».  

« Oui, je veux faire un pas dans votre direction, qui est aussi la direction de notre avenir à tous », a-t-il promis, recueillant cette fois des applaudissements consensuels. Il s’est aussi élevé contre les inégalités entre le sud et le nord de l’UE, « ce qui n’était pas le rêve initial ».

Macron met en garde contre le « retour du nationalisme »

Emmanuel Macron a affirmé mardi que Marine Le Pen voulait « sortir » de l’Union européenne mais qu’elle n’osait « plus le dire », ce qui entraînerait, si elle était élue présidente, « le retour au nationalisme » et « de la guerre » sur le continent.

« La bataille que nous menons n’est pas simplement pour la France, mais pour l’Europe », a clamé le président-candidat lors d’un discours à Châtenois (Bas-Rhin).

« Parce que, a-t-il ajouté, le projet de l’extrême droite est un projet où se cache la sortie de l’Europe […] Sortir de cette Europe de paix qui est une conquête des huit dernières décennies. »

« Avec la plus grande force, vous me verrez m’opposer à ce projet parce que c’est le retour au nationalisme et le retour de la guerre. Jamais », a-t-il ajouté.

Lors d’une réunion à Strasbourg en début de soirée, le candidat a encore insisté : « L’Europe qui est la nôtre n’est pas une alliance de nations qui veulent se faire la guerre, c’est un projet de respect qui a mis fin au rêve d’empire qui nous avait toujours fracturée ».

« Et les rêves d’empire reviennent : c’est le rêve de la Russie aujourd’hui, c’est le rêve de certains autres, c’est le conflit de celles et ceux qui voudraient nous faire croire que la solution pour la France, c’est de sortir de l’Europe, parce que ce serait d’aller combattre d’autres Européens », a-t-il ajouté.

Emmanuel Macron a par ailleurs entendu « défendre avec force notre Cour européenne des droits de l’Homme » et la Convention européenne des droits de l’Homme qu’elle fait respecter, alors que Mme Le Pen a indiqué à plusieurs reprises vouloir « sortir d’un certain nombre d’articles de la Convention ».

La candidate d’extrême droite souhaite également que les juridictions françaises ne soient plus liées aux décisions de la Cour, y compris de condamnations de la France.

Or, pour M. Macron, la Cour de Strasbourg, « c’est ce qui porte nos valeurs, parce qu’elle permet à chaque citoyen en Europe de défendre ses droits, même quand l’État ne les lui reconnaît pas : c’est pour ça que la Russie veut la quitter ».

« Si vous considérez que les droits qui sont dans notre charte ne sont pas respectés par le gouvernement, vous pouvez aller devant cette cour et faire condamner le gouvernement : c’est un trésor et il faut le préserver, se battre pour », a-t-il encore martelé.