L’organisme Human Rights Watch dénonce vivement l’usage par l’armée russe en Ukraine d’une nouvelle forme de mines antipersonnel qui se déclenchent à la simple détection du pas d’un humain.

Mines nouveau genre

Nommées POM-3 ou Médallion, ces mines antipersonnel d’un nouveau genre seraient dotées de capteurs sismiques. Cela permet de détecter un pas humain dans les environs. Lorsque la détection est faite, la mine antipersonnel lance une petite charge explosive qui se déclenche dans les airs. Les fragments de la bombe peuvent être létaux jusqu’à 16 m à la ronde. Les capteurs auraient même la capacité de distinguer la présence d’un humain de celle d’un animal. On peut aussi programmer le déclenchement des mines grâce à un dispositif d’autodestruction.

Par lance-roquettes

Selon ce qui a été découvert sur le terrain, les mines antipersonnel POM-3 sont tirées au moyen d’un lance-roquettes, l’ISDM Zemedelie-1, conçu spécialement pour celles-ci. En vol, un parachute s’ouvre ; la mine se pose au sol, se déploie et entre en dormance. Ce modèle semble une variante des mines antipersonnel POM-2 lancées aussi par roquettes ou par mortiers russes dans la région du Donbass depuis 2014.

Près de Kharkiv

Les premiers exemplaires de mines POM-3 ont été trouvés le 28 mars dans la région de Kharkiv. Ce sont des techniciens ukrainiens spécialistes en élimination des munitions qui les ont découverts. Certains engins ont pu être désamorcés et portaient une date de fabrication en 2021. « Les pays du monde entier devraient condamner fermement l’emploi par la Russie de mines antipersonnel en Ukraine, malgré l’interdiction internationale de ces armes, a déclaré Stephen Goose, directeur de la division Armes chez Human Rights Watch. Non seulement ces armes ne font pas la différence entre les combattants et les civils, mais elles constituent aussi un danger mortel pendant des années. »

Bannie par la Convention d’Ottawa

Les mines antipersonnel font l’objet d’un traité international, la Convention d’Ottawa, qui en interdit l’usage, la production, l’entreposage et le transfert. Le traité prévoit aussi la destruction de ces armes. Depuis son adoption et son entrée en vigueur, le 1er mars 1999, 164 pays ont signé ce traité, dont l’Ukraine. Ni les États-Unis, ni la Russie, ni la Chine, ni l’Inde n’y ont cependant adhéré.

Des années de travail

L’article de Human Rights Watch n’indique pas si ces nouvelles mines ont fait des victimes jusqu’à maintenant en Ukraine. Par ailleurs, dans un article consacré à ces engins létaux, le New York Times affirme que la Russie a « pratiquement contaminé tout le pays de munitions qui n’ont pas explosé ». Ce que confirme aussi le ministre de l’Intérieur de l’Ukraine, Denys Monastyrsky, dans un article d’Associated Press : « Un nombre incalculable d’obus et de mines ont été lancés sur l’Ukraine, dont une grande partie n’ont pas explosé. Ils se trouvent sous les décombres et constituent une réelle menace. Il nous faudra des années et non des mois pour les désamorcer. »

Sources : Human Rights Watch, The New York Times, Popular Science, CAT-UXO, Associated Press