L’assaut russe se poursuit dans l’est de l’Ukraine, au lendemain d’une frappe meurtrière sur une gare du Donbass, où la menace d’une offensive majeure chasse la population.

Le Donetsk bombardé

L’est de l’Ukraine a été la cible de nouvelles frappes russes, samedi, tuant cinq personnes dans la région de Donetsk, a indiqué le gouverneur régional. La veille, 52 personnes avaient péri dans le pilonnage de la gare bondée de Kramatorsk, dans le Donbass, nouvelle priorité du Kremlin. Depuis le retrait des troupes russes du nord du pays, Moscou « se prépare à intensifier ses opérations » dans le Donbass, afin de « prendre le contrôle total » des régions de Donetsk et de Louhansk, a déclaré samedi l’état-major de l’armée ukrainienne. Au sud, les combats se poursuivent pour mettre la main sur Marioupol, ville portuaire clé, et Izioum, plus au nord. « L’ennemi continue de frapper avec des missiles des cibles civiles dans toute l’Ukraine », a affirmé l’armée ukrainienne.

Boris Johnson en visite à Kyiv

Le premier ministre du Royaume-Uni, Boris Johnson, s’est rendu à Kyiv, samedi, pour rencontrer le président ukrainien, Volodymyr Zelensky. Les deux dirigeants ont marché dans la capitale ukrainienne, qui n’avait encore jamais reçu de dirigeant du G7 depuis le début de l’invasion russe. « Aujourd’hui, j’ai rencontré mon ami le président Zelensky à Kyiv afin de montrer notre soutien indéfectible au peuple ukrainien », a tweeté Boris Johnson. En repoussant l’envahisseur russe des portes de Kyiv, l’Ukraine a accompli « le plus grand fait d’armes du XXIe siècle », a-t-il déclaré. Le Royaume-Uni s’est engagé à livrer 120 véhicules blindés et des systèmes de missiles antinavires à Kyiv pour l’aider à faire face à l’armée russe. « Cette visite est une manifestation du soutien résolu, puissant et permanent de la Grande-Bretagne envers l’Ukraine », a déclaré Volodymyr Zelensky après la rencontre. De hauts responsables européens avaient visité la veille Boutcha, devenue le symbole de la barbarie russe.

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Le premier ministre Boris Johnson et le président Volodymyr Zelensky, à Kyiv, samedi

La Russie change son commandement

Changement de garde à la tête de l’opération russe en Ukraine : Moscou a confié à un général impliqué dans l’intervention décriée de la Russie en Syrie le commandement du champ de bataille, a rapporté la BBC. Selon un haut responsable américain, le général Aleksandr V. Dvornikov veillera à la supervision de la campagne russe, qui se heurte à une forte résistance ukrainienne depuis le début de la guerre. Après avoir échoué à prendre Kyiv, la Russie espère donner un coup de fouet à son offensive en améliorant la coordination entre ses unités sur le terrain, jusqu’alors commandées séparément. L’effort de guerre du Kremlin a été miné par une opération désorganisée, le moral en berne des troupes et la mort de 7000 à 15 000 soldats russes, estiment de hauts responsables américains.

Les évacuations se poursuivent

Plus de 4500 Ukrainiens ont quitté l’est du pays, samedi, répondant à l’appel des dirigeants ukrainiens qui redoutent une offensive majeure dans le Donbass, selon Reuters. Dix couloirs humanitaires devant servir à l’évacuation des civils vers l’ouest de l’Ukraine ont été ouverts dans la journée, dont un à Marioupol, ville assiégée du sud-est du pays, selon les autorités ukrainiennes. À Kramatorsk, des camionnettes ont récupéré des dizaines de rescapés de la frappe qui a pilonné la gare, la veille. Des trains ont aussi quitté la ville voisine de Sloviansk, en direction de l’ouest.

Zelensky veut la paix

Malgré les atrocités commises par les soldats russes, le président de l’Ukraine s’engage à poursuivre les pourparlers avec Moscou. C’est ce qu’il a déclaré, samedi, dans une entrevue avec l’Associated Press. « Personne ne veut négocier avec une ou des personnes qui ont torturé cette nation. C’est très compréhensible. Et en tant qu’homme, en tant que père, je comprends très bien cela. [Mais] nous ne voulons pas perdre des occasions, si nous en avons, pour une solution diplomatique », a poursuivi le chef d’État, qui a lancé un nouvel appel aux pays occidentaux pour lui fournir des armes.

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Le président Volodymyr Zelensky en entrevue avec l’Associated Press

Pression sur les États-Unis pour faire plus

Depuis le début de la guerre, le Pentagone a été très clair : pas question de faciliter la livraison d’avions de chasse MIG-29 à Kyiv, craignant un affrontement direct avec la Russie. Mais la pression s’accentue sur les États-Unis, appelés à faire davantage par des élus américains, à mesure que les atrocités survenues en Ukraine sont étalées au grand jour. « Il me semble que notre stratégie paraît souvent un peu schizophrénique : nous voulons que les Ukrainiens gagnent face à la Russie, mais nous craignons que faire perdre Poutine ne provoque une escalade », a déploré le sénateur démocrate Richard Blumenthal. Le Pentagone, qui a débloqué 2,4 milliards de dollars à des fins d’assistance militaire à Kyiv, avait vivement rejeté les critiques, vendredi. « L’idée que nous n’en faisons pas assez ni assez vite nous irrite profondément », avait répondu le porte-parole du Pentagone John Kirby.

Avec l’Agence France-Presse, l’Associated Press et Reuters