(Washington) Vladimir Poutine a « renoncé » à prendre Kyiv pour se focaliser sur les zones séparatistes du Donbass et l’issue de la guerre en Ukraine « reste à voir », ont estimé jeudi les plus hauts responsables de l’armée américaine.

« Poutine pensait qu’il pourrait très rapidement prendre le contrôle de l’Ukraine, très rapidement prendre le contrôle de la capitale. Il avait tort », a déclaré le ministre américain de la Défense, Lloyd Austin, au cours d’une audition au Congrès.  

« Je pense que Poutine a renoncé à ses efforts pour capturer la capitale et se concentre maintenant sur le sud et l’est du pays », a-t-il ajouté devant la commission des forces armées du Sénat.

Mais l’issue de la guerre, qui s’annonce longue, reste incertaine, a indiqué pour sa part le chef d’état-major américain, le général Mark Milley.

« Ce sera un travail de longue haleine », a-t-il estimé.

Il y a encore une bataille importante à venir dans le sud-est où les Russes ont l’intention de masser des forces et de poursuivre leur assaut. Donc ça reste à voir, comment tout ceci va se finir ».

Le chef d’état-major américain, le général Mark Milley

Photo Rodrigo Abd, archives Associated Press

« Poutine pensait qu’il pourrait très rapidement prendre le contrôle de l’Ukraine, très rapidement prendre le contrôle de la capitale. Il avait tort », a déclaré le ministre américain de la Défense, Lloyd Austin, au cours d’une audition au Congrès.  

L’Ukraine a reçu quelque 60 000 systèmes antichars des États-Unis et de leurs alliés, et l’armée ukrainienne utilise des mines anti-personnelles qui obligent les soldats russes à combattre dans des zones où ils sont plus vulnérables, a noté le général Milley au cours de la même audition.

Les Occidentaux ont aussi fourni aux Ukrainiens quelque 25 000 systèmes anti-aériens de types divers qui ont empêché la Russie de prendre le contrôle de l’espace aérien ukrainien, a ajouté le plus haut gradé américain.

Il a noté que l’armée ukrainienne demandait désormais des chars et de l’artillerie pour pouvoir repousser la prochaine offensive russe.

« Le terrain (dans le sud-est) est différent de celui du nord. Il est beaucoup plus ouvert et favorable à des opérations de blindés des deux côtés », a-t-il expliqué. « Ils pourraient faire avec plus de chars et d’artillerie, et c’est ce qu’ils demandent ».

Le ministre de la Défense a semblé reconnaître que les États-Unis considéraient, en tous cas au début du conflit, que l’Ukraine serait incapable de reprendre le contrôle des régions séparatistes de Donetsk et Louhansk, dans le Donbass qui est désormais l’objectif affiché de Moscou.

Questionné avec insistance par le sénateur républicain Tom Cotton, sur les informations que le renseignement militaire américain partage avec les Ukrainiens, M. Austin a admis qu’elles ne couvraient pas jusqu’ici les régions séparatistes.

« Nous leur fournissons du renseignement pour mener des opérations », y compris dans le Donbass, a-t-il commencé à dire.  

Mais lorsque M. Cotton lui a demandé explicitement si ces renseignements concernaient les zones contrôlées depuis 2014 par les séparatistes prorusses, il a reconnu que les instructions données jusqu’ici aux analystes militaires n’étaient « pas claires ».

« Nous voulons nous assurer que c’est clair pour nos forces », a-t-il ajouté. « C’est l’objectif des nouvelles instructions (qui) partent aujourd’hui. ».

Les services de renseignements américains avaient annoncé la guerre en Ukraine avec une exactitude remarquable, mais ils n’avaient pas prévu la résistance féroce des Ukrainiens. Ils craignaient que Kyiv ne tombe en 48 heures et que M. Zelensky ne soit immédiatement déposé pour être remplacé par un régime prorusse.