(Paris) Les forces russes continuaient mercredi de concentrer leurs efforts sur le Donbass, région de l’est de l’Ukraine en partie tenue depuis 2014 par des séparatistes prorusses, désormais cible prioritaire du Kremlin au 42e jour de la guerre.

Voici un point de la situation, à partir d’éléments des journalistes de l’AFP sur place et de déclarations officielles ukrainiennes et russes, de sources occidentales, d’analystes et d’organisations internationales.

L’Est

« Les troupes russes […] vont se réarmer, recevoir des renforts en effectifs, car elles ont subi beaucoup de pertes, et se réapprovisionner pour lancer une nouvelle offensive très concentrée dans la région du Donbass », a averti mardi le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, évoquant « une phase cruciale de la guerre ».

Le gouverneur de Louhansk, l’une des deux provinces du Donbass, a appelé les habitants à quitter la région.

Des obus et des roquettes s’y abattaient mercredi à intervalles réguliers sur la ville industrielle de Severodonetsk, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Severodonetsk, plus de 100 000 habitants avant la guerre, est la ville la plus à l’Est tenue par l’armée ukrainienne, tout près de la ligne de front avec les territoires séparatistes prorusses.

Une personne a été tuée mardi et cinq blessées dans un bombardement sur la ville voisine de Roubijné, selon les autorités locales.

Plus à l’ouest de la zone, après avoir capturé il y a quelques jours Izioum, les troupes russes campent à une grosse vingtaine de kilomètres au nord des villes jumelles de Sloviansk et Kramatorsk, capitale du Donbass contrôlé par Kyiv.

Le long d’une route reliant Izioum à Sloviansk et Kramatorsk, les forces ukrainiennes se préparent en creusant des tranchées et en disposant des pièces d’artillerie et autres blindés, selon des journalistes de l’AFP.

L’Institut américain pour l’étude de la guerre (ISW) estime que « Sloviansk sera la prochaine bataille cruciale de la guerre en Ukraine ».

Moscou cible par ailleurs la logistique ennemie : dans la nuit de mardi à mercredi, l’armée russe a détruit un dépôt de pétrole à Novomoskovsk, proche de Dnipro, sans faire de victimes, selon les autorités locales. Ville industrielle d’un million d’habitants, Dnipro est traversée par le fleuve Dniepr, qui sépare l’Ukraine en deux.

Le Sud

Les forces russes cherchent toujours à consolider leurs positions sur la bande côtière le long de la mer d’Azov, pour relier les régions du Donbass à la péninsule de Crimée, annexée par Moscou en 2014.

Les combats se concentrent notamment toujours sur la grande ville portuaire de Marioupol, dont le maire qualifiait mardi à l’AFP la situation comme ayant « dépassé le stade de la catastrophe humanitaire », alors que quelque 120 000 habitants y sont toujours coincés.

L’armée russe a affirmé avoir abattu deux hélicoptères ukrainiens cherchant à évacuer des chefs d’un bataillon nationaliste défendant Marioupol.  

Plus au sud, trois hôpitaux de Mykolaïv « ont été touchés par des bombardements », a indiqué l’organisation non gouvernementale Médecins sans Frontières (MSF), présente sur place.  

Kyiv et le Nord

« À l’ouest de Kyiv, l’intégralité des forces russes se sont repliées en Biélorussie tandis qu’à l’Est, le repli est toujours en cours », note le ministère français des Armées.

L’Ouest

Des explosions ont eu lieu mardi soir dans la petite ville de Radekhiv, à 70 kilomètres de Lviv, la grande cité de l’ouest de l’Ukraine, a annoncé un responsable local, appelant la population à se mettre à l’abri.

Situés loin du front, Lviv et l’ouest de l’Ukraine sont rarement visés par des bombardements depuis le début de l’invasion russe le 24 février.

Proche de la frontière polonaise, Lviv s’est convertie en ville-refuge pour les personnes déplacées et a accueilli au début de la guerre plusieurs ambassades occidentales transférées à partir de Kyiv.

Bilan humain

Aucun bilan récent des victimes civiles n’est disponible, mais il atteint à l’évidence - et a minima - plusieurs milliers. La récente découverte de nombreux cadavres à Boutcha, près de Kyiv, a provoqué une indignation internationale. Et de nouveaux signalements ont émergé d’Ukraine faisant craindre des massacres similaires dans plusieurs localités.

Sur le plan militaire, les fourchettes sont extrêmement larges. La Russie a reconnu fin mars la mort de 1351 soldats pour 3825 blessés, premiers chiffres depuis plus de trois semaines.

Les sources occidentales parlent à l’unisson de plusieurs milliers de morts côté russe, Kyiv allant même jusqu’à 12 000.

Côté ukrainien, le dernier chiffre officiel annoncé par Kyiv date du 12 mars, avec « environ 1300 » militaires tués. Un bilan probablement sous-estimé et qui a nécessairement augmenté depuis.