(Paris) Les forces russes ont bombardé dimanche plusieurs villes du sud de l’Ukraine, où au moins huit personnes ont été tuées et 34 blessées, a indiqué lundi le Parquet ukrainien, signe d’une concentration de leurs opérations dans l’est et le sud.

L’Ukraine a accusé dimanche l’armée russe d’avoir commis un « massacre » à Boutcha, une ville de la banlieue nord-ouest de Kyiv récemment reprise par les troupes ukrainiennes, où de nombreux cadavres de civils étaient visibles dans les rues samedi.

Voici un point de la situation, à partir d’éléments des journalistes de l’AFP sur place ainsi que des déclarations officielles ukrainiennes et russes, de sources occidentales, d’analystes et d’organisations internationales.

Kyiv et le Nord

Les Ukrainiens ont repris le contrôle de la totalité de la région de Kyiv après le retrait des forces russes, avait annoncé samedi la vice-ministre ukrainienne de la Défense.

Les forces russes se redéploient vers l’Est et le Sud dans le but de « garder le contrôle » des territoires qu’elles y occupent déjà, a confirmé l’Ukraine.

L’Ukraine a accusé dimanche l’armée russe d’avoir commis un « massacre » à Boutcha, qui avait été occupée par l’armée russe dès le 27 février, restant inaccessible pendant plus d’un mois. Les bombardements y ont cessé jeudi et les forces ukrainiennes n’ont pu complètement y pénétrer qu’il y a quelques jours.

L’AFP a vu samedi les cadavres d’au moins 22 personnes portant des vêtements civils dans des rues à Boutcha. L’un était couché près d’un vélo, d’autres avaient à côté d’eux des sacs à provisions. Des témoins rencontrés par l’AFP ont affirmé avoir vu des combattants tchétchènes parmi les militaires russes.

L’Est et le Sud

Pour la première fois en près de deux semaines, Odessa s’était réveillée dimanche au fracas d’une série de frappes russes, qui ont visé des infrastructures de la ville.  

Huit personnes ont été tuées et 34 blessées dans des bombardements des forces russes dimanche sur les villes d’Otchakiv et de Mykolaïv, dans le sud, a indiqué lundi le Parquet ukrainien.

Selon le parquet, les tirs des forces russes ont endommagé des habitations et des infrastructures civiles ainsi que des véhicules.

Ville-verrou sur la route d’Odessa, le plus grand port d’Ukraine, Mykolaïv, comptant 475 000 habitants avant la guerre, a été longuement pilonnée quand l’armée russe avait en vain tenté de s’en emparer.  L’étau russe semblait s’y desserrer ces derniers jours.

Le port d’Otchakiv, 15 000 habitants, au bord de la mer Noire, était lui l’une des premières cibles de l’invasion russe le 24 février.

L’Ouest et le centre

Dans la nuit de vendredi à samedi, des infrastructures ont été frappées Dnipro ainsi qu’à Krementchouk (centre), siège de la plus grande raffinerie de pétrole ukrainienne, a indiqué la présidence du pays, tandis que le  ministère russe de la Défense a annoncé samedi avoir détruit avec « des armes de haute précision » des dépôts d’essence et de carburant diesel de la raffinerie.  

Bilan humain

Aucun bilan précis et récent des victimes civiles n’est disponible, mais il atteint à l’évidence - et a minima - plusieurs milliers.  

Sur le plan militaire, les fourchettes sont extrêmement larges. La Russie a reconnu la semaine passée la mort de 1351 soldats pour 3825 blessés, premiers chiffres depuis plus de trois semaines.

Les sources occidentales parlent à l’unisson de plusieurs milliers de morts côté russe, Kyiv allant même jusqu’à 12 000.  

Côté ukrainien, le président Volodymyr Zelensky a évoqué le 12 mars « environ 1300 » militaires tués. Un chiffre là aussi peu significatif.  

Après le retrait russe de Boutcha, un grand nombre de corps de civils dans des fosses communes ou dans les rues ont été découverts sur place.

Selon la procureure générale d’Ukraine Iryna Venediktova, les corps sans vie de 410 civils ont été retrouvés dans les territoires de la région de Kyiv récemment repris aux troupes russes, qui s’en sont retirées pour se redéployer vers l’est et le sud.

Réfugiés et déplacés

Plus de 4,2 millions de réfugiés ukrainiens ont fui leur pays depuis l’invasion russe, selon les chiffres du Haut Commissariat aux réfugiés.  

Quelque 90 % de ceux qui ont fui l’Ukraine sont des femmes et des enfants, les autorités ukrainiennes n’autorisant pas le départ des hommes en âge de porter les armes.

L’ONU estime à presque 6,5 millions le nombre de déplacés à l’intérieur du pays.

Plus de 500 000 personnes sont retournées en Ukraine depuis le début de l’invasion russe, a annoncé dimanche le ministère ukrainien de l’Intérieur.