(Moscou) La Russie a affirmé jeudi qu’un couloir humanitaire permettant l’évacuation de civils serait ouvert vendredi à Marioupol, grande ville portuaire du sud-est de l’Ukraine que les forces de Moscou essaient de conquérir depuis des semaines. Pendant ce temps, les troupes russes quittent la centrale de Tchernobyl qu’ils occupaient depuis le début de l’invasion.

« Les forces armées russes vont rouvrir un couloir humanitaire de Marioupol à Zaporijjia (à 220 km au nord-ouest) le 1er avril à partir de 10 h heure de Moscou », soit 7 h GMT, a déclaré le ministère russe de la Défense.

Cette mesure est prise à la suite d’« une requête personnelle du président français (Emmanuel Macron) et du chancelier allemand (Olaf Scholz) auprès du président russe Vladimir Poutine », a ajouté le ministère dans un communiqué.

« Pour garantir la réussite de cette opération humanitaire, il est proposé de la mener avec la participation directe de représentants du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés et du Comité international de la Croix-Rouge », a-t-il poursuivi.

Plus tôt jeudi, le CICR s’était dit prêt à « diriger » les opérations d’évacuation des civils de Marioupol à partir de vendredi, à condition d’avoir les garanties nécessaires concernant la situation sécuritaire.

La situation humanitaire est catastrophique à Marioupol, où des dizaines de milliers de civils sont pris au piège et souffrent du manque de nourriture et du froid.

Le gouvernement ukrainien a annoncé avoir dépêché jeudi 45 bus pour évacuer des civils depuis Marioupol en direction de Zaporijjia, accusant les forces russes de les avoir empêchés d’entrer dans la ville.

Les deux camps s’accusent régulièrement de faire échouer les opérations d’évacuation de civils.

Les Russes ont quitté la centrale de Tchernobyl

PHOTO AGENCE FRANCE-PRESSE

Image satellite du sarcophage de la centrale de Tchernobyl.

Les troupes russes ont quitté la centrale de Tchernobyl qu’ils occupaient depuis le début de l’invasion de l’Ukraine le 24 février en emmenant des otages, ont annoncé jeudi soir des responsables à Kyiv.

« En quittant la centrale nucléaire de Tchernobyl, les occupants russes ont pris avec eux des membres de la Garde Nationale qu’ils retenaient en otages depuis le 24 février », a déclaré sur Telegram l’agence d’État ukrainienne Energoatom, citant des employés.

On ignorait combien de soldats ukrainiens ont été retenus en otages par les forces russes.

Un peu plus tôt, l’agence d’État ukrainienne pour la gestion de la zone de la centrale avait annoncé le départ des troupes russes.

« Il n’y a plus de personnes étrangères (au service) dans l’enceinte de la centrale nucléaire de Tchernobyl », site de la pire catastrophe nucléaire civile de l’Histoire, avait indiqué sur Facebook l’agence d’État.

L’agence avait indiqué peu avant que les troupes russes avaient commencé leur départ de la centrale, située à une centaine de kilomètres au nord de Kyiv.

En quittant la centrale, les Russes se sont livrés au « pillage de locaux, vol des équipements et d’autres objets précieux », a accusé l’agence.

Des spécialistes ukrainiens vont désormais inspecter la centrale en quête de potentiels « engins explosifs », selon la même source.

L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) avait cessé, depuis le 9 mars, de recevoir en direct les données provenant de Tchernobyl.

Elle s’est inquiétée dimanche de l’absence de rotation du personnel de la centrale depuis le 20 mars.

Un réacteur de la centrale de Tchernobyl a explosé en 1986 contaminant une bonne partie de l’Europe mais surtout l’Ukraine, la Russie et la Biélorussie. Baptisée zone d’exclusion, le territoire dans le rayon de 30 kilomètres autour de la centrale est toujours fortement contaminée et il est interdit d’y habiter en permanence.

Son dernier réacteur opérationnel a été fermé en 2000. Le réacteur accidenté, recouvert d’une chape d’acier étanche et contenant du magma hautement radioactif, est contrôlé en permanence par des spécialistes.

Deux centres de stockage du combustible nucléaire se trouvent par ailleurs dans la zone d’exclusion.