(Moscou) Tag « Z » ou « collabo » sur les portes de domiciles, message antisémite : les intimidations se sont multipliées ces derniers jours contre des opposants et critiques de l’offensive russe en Ukraine.

Mercredi soir, un soutien de l’opposant emprisonné Alexeï Navalny, Ilia Pakhomov, a publié sur Twitter une photo montrant la porte de son domicile en Russie vandalisée avec deux lettres « Z » dessinées à la peinture blanche.

Cette lettre est un signe de soutien aux troupes russes combattant en Ukraine, car elle est peinte sur de nombreux véhicules militaires.

Ces tags sont accompagnés d’une affiche avec une photo du militant barrée du mot « COLLABORATEUR ». « NE VENDS PAS TA PATRIE », indique également l’affiche.  

Ce message porte aussi le numéro de deux articles du code pénal russe, récemment adoptés, qui prévoient de sévères peines de prisons pour la publication « d’informations mensongères » sur l’armée russe ou pour des actions « discréditant » cette dernière.  

« J’ai déjà vu ça (ces menaces) sur les réseaux sociaux, c’est clairement une action organisée “d’en haut”. Je vais faire un signalement à la police », a réagi ce militant sur Twitter.

L’opposante Lioudmila Chtein a, elle, publié jeudi sur son compte Twitter une photo d’une affiche similaire avec son portrait placardée sur une porte. « OK, si vous le dites… », a-t-elle commenté.

Le 24 mars, Alexeï Venediktov, ancien rédacteur en chef de la radio indépendante Ekho Moskvy, récemment contrainte de fermer, a pour sa part eu droit à une tête de porc décapitée déposée devant sa porte sur laquelle avait été collé l’emblème de l’Ukraine avec l’inscription en allemand « judensau » : « porc juif ».  

Quatre jours plus tard, le porte du domicile d’Oleg Orlov, un responsable de l’ONG Mémorial, pilier de la défense des droits humains en Russie, a aussi été taguée d’un « Z » et ornée d’une affiche « collabo ».

Interrogé par l’AFP sur ce sujet, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a qualifié jeudi ces faits de « vilénies commises par des vandales » et a assuré que les victimes pouvaient s’adresser aux forces de l’ordre.

Depuis l’offensive contre l’Ukraine en 24 février, les autorités russes ont renforcé leurs pressions contre les derniers médias indépendants et opposants vivant en Russie.  

Mi-mars, le président Vladimir Poutine a lui appelé à une « auto-purification » de la société face aux « nationaux-traîtres ».

Parallèlement les « Z » de soutien au Kremlin et à son offensive en Ukraine s’affichent sur des bâtiments à Moscou, ornent des drapeaux lors de rassemblements propouvoir ou les portières de voitures.